Mme la directrice des Archives de France a évoqué la difficulté de s'y retrouver, dans les centaines de milliers de kilomètres d'archives, même si ce qui a été entrepris récemment, en matière d'inventaires, pour les futurs bâtiments de Pierrefitte, devrait s'avérer très précieux.
Un des problèmes, auquel le Parlement devrait être très attentif, est celui de la balkanisation des archives. Leur éclatement était déjà assez important, puisque quelques ministères ne déposent pas leurs archives aux Archives nationales : l'armée, le ministère des affaires étrangères. En outre, ces ministères sont en voie de réorganisation, ce qui provoquera un problème d'accès conjoncturel – qu'on va retrouver aux Archives nationales. Dans les cinq années qui vont venir, les difficultés vont donc s'accumuler pour les chercheurs. Enfin, la poursuite de la décentralisation aboutira à la destruction annoncée, même partielle, de la direction des Archives de France. Cette balkanisation va donc continuer.
Quelle solution proposer ? Parmi les pistes possibles, la création d'instruments de recherche communs pourrait être envisagée. Vous avez évoqué tout à l'heure les guides. Il faudrait absolument les multiplier, notamment sur les questions douloureuses. Il faut aussi pouvoir aménager ceux qui existent : le fameux guide d'histoire de la Seconde guerre mondiale, qui était un magnifique instrument, est aujourd'hui dépassé. La mise en ligne de ces instruments et leur actualisation est un problème permanent. À mon sens, seuls les pouvoirs publics ont l'autorité nécessaire pour faciliter ce genre de choses.
Il ne faut pas s'endormir sur nos lauriers en disant que nous avançons. Les problèmes sont énormes, surtout pour les étudiants étrangers – à commencer par les problèmes financiers. Ces étudiants étrangers sont extrêmement nombreux, notamment à Aix-en-Provence. Mais ils ont été freinés par les difficultés rencontrées aux Archives nationales depuis quelques années. Il faut trouver le moyen de les faire revenir. Le regard des historiens étrangers est essentiel. On connaît le rôle essentiel d'un Paxton, s'agissant de la Seconde guerre mondiale. D'autres étrangers, notamment allemands, ont joué un rôle considérable, s'agissant de la guerre d'Algérie. Il faut donc encourager leur venue et de ce point de vue, le législateur a sans doute un rôle à jouer.
Enfin, je crois que les archives parlementaires seraient à développer. Un comité d'histoire parlementaire et politique a été créé, mais il faudrait l'aider. Il convient de faciliter la connaissance du travail parlementaire et des sources parlementaires qui sont pour l'instant assez difficiles d'accès. En outre, très peu de sources anciennes ont été publiées. Or les sources parlementaires sont d'une richesse incroyable. La documentation est phénoménale ; je pense au travail des commissions parlementaires. L'Assemblée pourrait prendre l'initiative de publier certains documents, notamment sur des moments difficiles de notre histoire : par exemple, ceux qui permettraient de connaître la position de la commission de l'intérieur sur la guerre d'Algérie.