Nous réunissons les parents, surtout les mamans, autour d'un apéritif ou d'un petit repas, pour que ce soit plus convivial. Cela a eu du succès à l'école des Cheminées et au collège Brassens, un peu moins au collège Rouault. Il nous a fallu aller rencontrer les parents sur place. Nous leur avons également demandé par courrier s'ils souhaitaient être soutenus au niveau scolaire. Dans certaines écoles, nous avons formé un groupe de mamans : chaque semaine, une maman reçoit chez elle un enfant en difficulté pour l'aider à faire ses devoirs. Par ce biais, nous transmettons nos modules de prévention et nous pouvons alerter l'ensemble des mamans sur le comportement de leurs enfants ou sur les sujets qui nous occupent.
Que se passe-t-il par la suite ? Nous travaillons en très bonne intelligence avec tous les directeurs d'établissement et les CPE. A chaque fois qu'ils constatent un incident, ils nous rappellent. Soit nous revenons faire une séance pour rafraîchir la mémoire des élèves, soit nous intervenons autrement, comme ce fut le cas hier avec la projection du film « La journée de la jupe » et le débat qui a suivi ; ils nous arrive aussi de concevoir des petits devoirs, des questions, des jeux sur le droit des femmes que les professeurs supervisent pendant les heures de permanence.
Nos modules évoluent, selon les problèmes rencontrés. Par exemple, nous nous étions aperçus que lorsque nous leur demandions s'ils se sentaient Français, aucun élève de la classe ne levait la main. Nous avons donc ajouté dans nos modules la citoyenneté française. Nous avons également ajouté la laïcité, dont ils ne connaissaient pas la définition.
Nous avons contacté l'éditeur Hachette, pour faire des petites fiches. Mais même si nous parvenons à les faire éditer, elles ne remplaceront pas le travail d'un atelier où les enfants s'expriment en l'absence de leurs professeurs, qu'ils vont retrouver par la suite et qui vont les noter. Cela dit, nous les notons également – même si la note ne compte pas dans la moyenne. Il est très important de leur montrer qu'ils ne participent pas aux modules seulement pour s'amuser et qu'ils sont là pour apprendre.
Je suis évidemment contre la non mixité. Il faut apprendre à vivre avec l'autre. Sinon, on pourrait aussi créer des écoles pour les juifs, pour les musulmans, pour les noirs, etc. Cela aboutirait à une « République des tribus » qui risque de ne pas être agréable à vivre. Je suis pour le mélange, et nous nous battons pour cela.
Je suis par ailleurs journaliste à Judaïques FM et à Tribune Juive. J'ai proposé à des écoles juives d'accueillir nos modules. Il y a aussi énormément de préjugés – sur les musulmans, sur les rapports entre les garçons et les filles, etc. – et les élèves ne sont pas en contact avec d'autres enfants. Nous sommes également en train de mettre en place, avec des élèves d'écoles laïques du XIXe arrondissement, des rencontres avec des écoles juives du même arrondissement. Il n'existe plus de service militaire, donc plus de lieu de rencontre…
Ces modules s'appliquent à toutes les écoles. C'est ainsi que je suis en rapport avec une école catholique, pour y parler de contraception.