Nous défendons, en effet, l'idée que la violence faite aux femmes concerne toutes les femmes, quel que soit leur milieu social. Nous avons des permanences d'écoute de victimes, y compris dans des quartiers qui ne sont pas défavorisés et nous entendons des femmes cadres, ingénieurs, etc. qui viennent se plaindre de violences conjugales.
C'est pourquoi nous avons demandé (pour une fois la demande ne venait pas de l'établissement) à faire un module de prévention au lycée Janson de Sailly, dans le XVIe arrondissement. Il nous paraissait en effet intéressant de voir s'il y avait aussi de la violence et comment elle se manifestait. J'ai déjà rencontré une classe : le langage des élèves est moins cru, mais leur culture féministe est presque aussi limitée.
Nous ne sommes que six et nous avons beaucoup de demandes. En ce moment, nous couvrons le XIXe arrondissement. Nous irons, dans le XVIe et le XVIIe, puis à Marseille et à Lyon. Je précise que nous sommes tous bénévoles.
J'ai écrit au Président de la République pour lui demander qu'un programme soit dispensé au niveau national. Bien sûr, il ne pourrait pas être pris en charge par les associations, qui n'ont pas les structures adaptées. M. le Ministre de l'éducation nationale m'a remis il y a deux semaines les palmes académiques, pour ces actions et je lui ai demandé des moyens pour former des intervenants : les sujets évoqués sont très sensibles et il n'est pas évident de se faire entendre de ces enfants, qui sont volatiles et explosifs, et de savoir les écouter.
Votre mission peut peut-être nous appuyer, faire connaître et propager ces modules un peu partout. C'est une démarche qui prendra des années. Mais il est exact que si nous étions aidés politiquement de façon effective, nous aurions davantage d'intervenants et d'argent. Ce travail doit se faire au niveau national et ne pas se cantonner aux quartiers sensibles.
Nous nous étions rencontrés, M Geoffroy, au moment de la sortie de mon livre La femme, la République et le Bon Dieu. Je constatais alors que les religions ne faisaient pas beaucoup de bien à ces enfants et faisaient reculer le droit des femmes. En tant qu'association, nous essayons d'alerter l'opinion, en utilisant les médias, en informant les politiques ou en organisant des rencontres. Il faudra bien que l'on prenne un jour cette question sérieusement.
La répression est certes nécessaire, mais il faut aussi faire de la prévention . On peut initier les petits à l'égalité hommes-femmes et à l'acceptation de l'autre, car tout – racisme, antisémitisme, homophobie, etc. – réside dans la non acceptation de l'autre.