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Intervention de Daniel Garrigue

Réunion du 18 février 2009 à 8h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Garrigue :

Monsieur le ministre de la défense, certains de vos propos sont difficiles à entendre. Ainsi, les autres États reprocheraient à la France d'entretenir un conflit vis-à-vis de l'Alliance atlantique. Or, si notre pays a quitté l'OTAN, il n'est jamais sorti de l'Alliance atlantique, et l'idée qu'en cas de conflit la France interviendrait dans le cadre de l'Alliance, rappelée par M. le ministre des affaires étrangères, a toujours prévalu.

Par ailleurs, l'Europe de la défense n'existe pas seulement depuis une dizaine d'années : l'Union de l'Europe occidentale – l'UEO – a été créée il y a plus de cinquante ans. Nous avons participé ensemble en 1993, monsieur Morin, à des manoeuvres dénommées « Ardente », organisées dans les Abruzzes par l'UEO et entièrement indépendantes de l'OTAN. La force de réaction rapide intervenue en 1995 en Bosnie, qui est l'opération la plus forte menée par les Européens, même si elle a été mise en oeuvre parallèlement à une opération aérienne de l'OTAN en juillet 1995, n'en était pas moins une force européenne réunissant Français, Britanniques et Néerlandais, avec l'appui des Allemands. L'Europe de la défense existe donc depuis bien plus de dix ans et une volonté continue s'exprime dans ce domaine.

J'en viens aux motifs d'inquiétude que nous donne, tel qu'il est présenté aujourd'hui, le retour de la France dans le commandement intégré. Je tiens tout d'abord à préciser qu'il ne s'agit pas d'une nostalgie du gaullisme et de la sortie de l'OTAN en 1966. Ce qui est en cause, c'est la possibilité d'avoir demain une véritable défense européenne, et cela pour deux raisons. Tout d'abord, si la France entre dans l'OTAN, elle sera obligée de partager les concepts stratégiques et les scénarios. Dans la meilleure des hypothèses, nous débattrons avec les Américains, mais il n'est pas certain que la marge de discussion soit très large. En deuxième lieu, la France perdra un positionnement militaire et diplomatique qui était en quelque sorte l'amorce d'une défense européenne. Pour les autres États, en effet, l'appartenance à l'OTAN relève moins d'un choix stratégique que de la commodité qu'ils éprouvent à s'épargner le financement d'un véritable effort de défense. Je rappelle à cet égard que tous les pays membres de l'Union européenne n'adhèrent pas à l'OTAN et que certains pays, notamment scandinaves, et en particulier la Finlande, sont très intéressés par le positionnement de la France.

Je souhaiterais donc vous poser deux questions. Quelle est, tout d'abord, la portée de ce retour dans le commandement intégré du point de vue de la défense antimissile, qui met en jeu directement la défense de l'Europe ? Les Européens sont tenus à l'écart des discussions engagées sous la présidence de M. Bush et qui semblent se poursuivre entre les États-Unis et la Russie. Qu'avons-nous à gagner à entrer dans l'OTAN si nous sommes exclus de questions aussi essentielles ?

En deuxième lieu, la tribune récemment publiée par M. Sarkozy et Mme Merkel dans Le Monde exprime la confusion qui s'opère désormais entre ce qui relève de la sécurité intérieure et de la sécurité extérieure. Le choix de revenir dans le commandement intégré de l'OTAN n'est visiblement pas seulement stratégique, mais également idéologique, avec une dimension sécuritaire non négligeable.

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