Le risque d'une radicalisation religieuse et de l'instauration d'une république islamique me paraît très faible. Lors des élections provinciales, les partis islamiques ne sont arrivés à rien. Chez les Sunnites, ce sont les chefs tribaux qui l'ont emporté, pour des considérations strictement territoriales et bien peu religieuses. Chez les Chiites, ce n'est pas le parti le plus proche de l'Iran qui a gagné mais le parti de Al Maliki, qui a joué la carte de la souveraineté nationale. Aucun des partis qui ont gagné les élections ne parle d'instaurer une république islamique. Même au Sud, on entendait dire : « Nous sommes différente des Iraniens », comme pour souligner que l'on entendait distinguer politique et religion. Le régime de Saddam Hussein était assez laïque, vous l'avez rappelé, et le mouvement religieux s'est déradicalisé, par pragmatisme, au cours des dernières années.
Comment envisager l'Irak dans dix ans ? S'il n'y pas de crise à Kirkouk, si le dialogue avec les Sunnites s'intensifie, si la loi sur le partage des revenus pétroliers aboutit de manière satisfaisante, si les capacités de production de pétrole augmentent et avec elles les ressources qui permettront la reconstruction et la création d'emplois, alors je serai très optimiste pour l'Irak – cet Irak qui m'a beaucoup touché car il vient de faire un don au programme alimentaire mondial… Alors, dans dix ans l'Irak sera un pays prospère et assez modéré.
La Syrie a toujours eu une influence en Irak mais cette influence était limitée par le fait que les deux partis Baas étaient en compétition, et une frontière longue et poreuse laissait passer trop de volontaires terroristes, déstabilisant l'Irak. Les relations entre les deux pays se sont améliorées. Les deux premiers ministres se sont rencontrés, ils sont en affaires – et les affaires aident à devenir réalistes.