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Intervention de Bernard Kouchner

Réunion du 26 août 2008 à 15h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

À quoi bon évoquer le Vietnam, monsieur Vauzelle ? Ce n'est pas du tout la même guerre et si vous pensez que l'on doit se retirer, dites-le clairement ! Mais nous ne pouvons pas nous retirer maintenant : c'est impossible au regard de notre conception de la démocratie comme de nos engagement et de ceux que nous avons pris avec nos alliés.

Mais ce qui peut changer, monsieur Dupont-Aignan, par rapport à ce qui s'est passé au temps de l'Angleterre ou de l'Union soviétique, c'est que nous formons – et pas contre leur gré – une armée afghane qui comptera 100 000 hommes. Et viendra alors le temps de nous retirer, pas d'un seul coup, pas brutalement, avec l'accord des Afghans. Nous faisons tout cela, qui ne nous amuse pas, avec l'assentiment et même à la demande des Afghans, et avec leur coopération.

Cela étant, l'Afghanistan ne va pas changer du jour au lendemain et ce que vous dites, madame Buffet, est tout à fait juste : les choses progressent mais ce mouvement est horriblement lent. Cela étant, comment faire autrement ? Demandez l'avis des femmes afghanes : elles souhaitent que nous restions et moi je les écoute.

Il existe, monsieur Mariton, de nombreux critères d'évaluation. Le territoire que nous défendons maintenant avec les Afghans est beaucoup plus important qu'auparavant : avant, nous n'étions présents qu'à Kaboul, désormais nous rayonnons plus largement, même si nous n'allons pas encore jusqu'à l'extrême ouest. Il ne faut en outre pas oublier les territoires Hazaras et iraniens. Il s'agit donc d'une opération horriblement difficile. Ce n'est pas pour cela qu'il faut y renoncer. Au contraire, il faut la réussir et, pour cela, transmettre aux Afghans les responsabilités. Mais j'insiste à nouveau sur la complexité de la situation. J'ai travaillé pendant huit ans dans la province du Wardak, qui est aujourd'hui entièrement talibane. En revanche, alors que les habitants de la province voisine étaient alors très extrémistes, ils soutiennent désormais le gouvernement. Vous le voyez, les choses changent, en fonction des chefs de guerre mais aussi, bien entendu, des efforts faits par le gouvernement.

Une loi contre la corruption a été adoptée, ce qui aurait été inenvisageable il y a quelque temps. Elle ne sera peut-être pas suffisante mais elle marque un progrès.

Les surfaces de drogue ont diminué plutôt qu'elles n'ont augmenté, peut-être produisent-elles davantage… (Rires) Cela vous fait rire, mais vous avez sans doute la solution !

Vous avez tout à fait raison, monsieur Dhuick, il faut informer les Français en permanence sur le monde tel qu'il est, sur l'Afghanistan non pas tel qu'on le voudrait, mais tel qu'il est, tel qu'il se transforme. Je vous propose d'ailleurs de faire venir en France des représentants de la société civile et du gouvernement pour nous dire comment les choses se passent et s'ils souhaitent que nous continuions.

Monsieur Gremetz, c'est sur proposition française que l'on a considéré en 2003 qu'il n'était pas raisonnable de changer de commandement tous les six mois et que l'on a choisi de confier le commandement militaire à l'OTAN, mais les décisions politiques demeurent celles de l'ONU et sont approuvées par le Conseil de sécurité.

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