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Intervention de Guy Teissier

Réunion du 26 août 2008 à 15h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuy Teissier, président de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Lundi dernier, dix de nos soldats se trouvaient face à leur tragique destin et vingt et un de leurs camarades étaient blessés. Âgés d'une vingtaine d'années, ils étaient soldats de la République. Par leur engagement dans le métier des armes, ils portaient haut les couleurs de la France et celles des valeurs de la démocratie. Ils exerçaient leur mission avec passion, détermination et courage.

La Nation tout entière leur a rendu un digne hommage, la semaine dernière, en présence du Président de la République, de toutes les autorités civiles et militaires du pays et de nombreux anonymes. Qu'il me soit permis, au nom des parlementaires de la commission de la défense nationale et des forces armées, de m'associer à la peine des familles et d'adresser à leurs frères d'armes ma solidarité parachutiste.

Après le temps légitime et naturel du recueillement doit venir celui de l'analyse – et non de la polémique. Avec mon collègue, le président Axel Poniatowski, et l'ensemble des parlementaires, nous vous remercions, messieurs les ministres, d'avoir répondu si prestement à nos sollicitations et à celle du président de l'Assemblée nationale. Le Parlement, expression de la souveraineté populaire, doit pouvoir obtenir les réponses aux nombreuses questions qu'il se pose à juste titre.

Le 22 septembre prochain, aura lieu un débat avec vote. Ce sera pour nous l'occasion d'examiner les raisons de notre présence en Afghanistan et les inflexions à apporter ou non à notre stratégie. Aujourd'hui, nous avons besoin, tout simplement, de comprendre les circonstances et les raisons de cet événement tragique et d'en tirer certains enseignements.

Monsieur le ministre de la défense, nous souhaitons que vous nous présentiez les faits de façon extrêmement précise – tous les faits : de l'objet de la mission à la façon dont elle a été gérée. Un certain nombre d'interrogations factuelles ne manqueront pas d'être soulevées par mes collègues. Pour ma part, je vous poserai trois séries de questions.

La première a trait au volume des troupes engagées sur le terrain. L'Afghanistan est, très certainement, l'opération extérieure la plus déterminante pour la sécurité de la France. Mais chacun sait combien il est difficile pour nos armées de faire face aux multiples engagements actuels dans le monde. La dispersion de nos forces atteint sans doute ses limites et il est temps d'établir une véritable hiérarchie de nos priorités et d'en tirer les conséquences. Cela pose également la question du format de l'armée de terre, la plus sollicitée par ces opérations extérieures.

La seconde série d'interrogations porte sur les équipements mis à la disposition de nos forces. Il est certes facile de refaire l'histoire mais l'embuscade dont ont été victimes nos soldats montre que les carences relevées depuis longtemps en matière d'aéromobilité, de drones et de renseignement militaire peuvent avoir des conséquences dramatiques. Il faudra tirer les conclusions qui s'imposent dans la future loi de programmation militaire et tenir davantage compte à l'avenir des besoins opérationnels réels lors du lancement des programmes. Une plus grande réactivité est indispensable pour l'acquisition des matériels les plus nécessaires.

Enfin, il faut s'interroger sur les conditions d'une stabilisation durable en Afghanistan. Où en est la montée en puissance de l'armée afghane, à laquelle la France contribue en mettant l'accent sur la formation ? Quels sont les moyens dont dispose vraiment la communauté internationale pour rationaliser, voire coordonner, les efforts de reconstruction ? Ceux-ci sont méritoires mais sans doute encore trop dispersés. Quelle est la capacité de cette même communauté à inciter efficacement le gouvernement afghan à lutter contre la corruption, dont chacun sait à quel point elle compromet l'avenir de ce pays ?

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