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Intervention de Laurent Contini

Réunion du 18 novembre 2008 à 11h30
Commission des affaires étrangères

Laurent Contini, ambassadeur de France au Zimbabwe :

Elle est bien entendu liée à celle de l'Union européenne. Nous avons en l'occurrence condamné le refus de M. Mugabe de reconnaître les résultats des élections du mois de mars et nous soutenons le MDC ainsi que l'accord visant à mettre en place un gouvernement « inclusif » comprenant le MDC, le ZANU-PF et l'organisation de M. Mutambara. Hélas, l'Union européenne est largement discréditée et n'a pu imposer une médiation autre qu'africaine. Les Nations unies, quant à elles, n'ont pas pu intervenir même si un groupe d'observateurs incluant l'Union africaine (UA) et la SADC a été mis en place. Cette dernière est d'ailleurs divisée : le Mozambique, la Namibie et l'Angola sont proches de M. Mugabe, tandis que le Bostawana, la Zambie et la Tanzanie se montrent beaucoup plus critiques. L'Afrique du Sud menant toutefois la médiation, la situation n'évolue guère, même s'il faut attendre les décisions que prendra M. Motlanthe, nouveau Président de ce pays.

L'Union européenne a par ailleurs imposé des sanctions ciblées à l'encontre de personnalités zimbabwéennes impliquées dans les violences qui ont eu lieu pendant et après la campagne électorale.

Je rappelle, de plus, que M. Morgan Tsvangiraï, ne dispose toujours pas de passeport et qu'il voyage avec un laissez-passer d'urgence, ce qui ne lui permet évidemment pas de jouer le rôle international qui lui revient en tant que premier ministre désigné.

Des rencontres avaient eu lieu entre le Président Chirac et M. Mugabe – ce dernier avait d'ailleurs été convié à des sommets franco-africains –, mais la France s'est depuis lors alignée sur les positions européennes en raison des violences de 2008, changement de position que le Président Mugabe n'a pas manqué de regretter lorsque j'ai déposé mes lettres de créance. Elle continue néanmoins de soutenir le peuple zimbabwéen avec une aide alimentaire qui s'élève à 3 millions d'euros, mais également dans le cadre de programmes de sécurité alimentaire élaborés par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, le CIRAD. En ce qui me concerne, je parviens à avoir des contacts avec certains dignitaires du régime et de ZANU-PF mais, si cela me permet de disposer de plus d'informations que d'autres ambassadeurs, les tenants d'une ligne dure ne seront pour autant jamais influencés par nos analyses.

Le régime est aux abois, la situation économique ubuesque : nous assistons à une « zaïrisation » ou à une « congolisation » du pays avec l'émergence de la prévarication et d'une économie mafieuse, la population étant quant à elle désespérée.

Je rappelle, enfin, que selon le Programme alimentaire mondial, 5,5 millions de Zimbabwéens sur 14 millions d'habitants dépendront bientôt de l'aide alimentaire mondiale et que le choléra a déjà fait 200 victimes. La situation sanitaire devrait s'aggraver avec la saison des pluies, compte tenu de l'état du système hospitalier.

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