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Intervention de Morgan Tsvangiraï

Réunion du 18 novembre 2008 à 11h30
Commission des affaires étrangères

Morgan Tsvangiraï, chef du Movement for Democratic Change, MDC du Zimbabwe :

Je suis ravi d'être parmi vous et vous remercie de votre accueil.

Le MDC a été créé en 1999 non seulement en raison de la désintégration sociale et économique du Zimbabwe, mais également parce que nous connaissions alors une importante répression politique : notre plus grand défi, en effet, consistait à faire face à la dictature tout en utilisant des moyens démocratiques. Aujourd'hui, la crise humanitaire atteint des proportions extraordinaires, comme j'ai eu l'occasion de le dire lors de la conférence sur le développement à Strasbourg : notre inflation se situe aux alentours de 560 millions % ; trois hôpitaux viennent de fermer faute de personnels et de médicaments ; 90 % des écoles publiques ont dû également être fermées, les enseignants étant payés un dollar quand il leur faut 50 dollars pour aller travailler… C'est une véritable tragi-comédie que nous vivons !

Lorsque le MDC a remporté les élections, nous avons, comme responsables, été confrontés à deux possibilités : renoncer au pouvoir, comme cela avait déjà été le cas lors des trois derniers scrutins, ou convaincre nos collègues du ZANU-PF d'accepter la transition et de partager le pouvoir de manière à mettre en place une véritable démocratie. Ce sont les négociations qui ont eu lieu sous les auspices de la SADC qui ont permis d'aboutir à l'accord du 15 septembre aux termes duquel le Président et le Premier ministre devaient partager le pouvoir au sein d'une coalition, les relations extérieures relevant en particulier du premier et la politique intérieure du second. Parmi les problèmes qui se sont posés figuraient également ceux de la répartition des portefeuilles ministériels et de la marge de manoeuvre dont le Gouvernement pouvait disposer afin de gérer une crise particulièrement grave. Selon nous, le ZANU-PF devait d'abord entériner sa défaite et accepter que la répartition équitable du pouvoir soit fondée sur les résultats électoraux. La semaine dernière, ce litige a été soumis au comité exécutif de la SADC sans qu'une solution ait été trouvée, faute d'avoir pu résoudre les problèmes liés au Conseil de sécurité nationale, institution à proprement parler plus partisane que nationale. Il est inconcevable que le MDC accepte de participer au gouvernement sans disposer des moyens d'action nécessaires afin de lutter contre la crise : alors que l'État est en quasi-faillite, nous devons nourrir la population et reconstruire les infrastructures.

L'Union européenne, quant à elle, doit, d'une part, concentrer ses efforts sur le soutien humanitaire et, d'autre part, faire pression sur la SADC, le ZANU-PF et M. Mugabe de manière qu'un gouvernement satisfaisant les deux parties soit constitué. Le MDC, en ce qui le concerne, a fait preuve de son sens des responsabilités.

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