Monsieur le président Tsvangiraï, chers collègues, je vous prie d'abord de bien vouloir excuser l'absence de M. Axel Poniatowski, président de la Commission des affaires étrangères.
Je tiens ensuite à saluer M. Laurent Contini, ambassadeur de France au Zimbabwe, présent parmi nous.
Je vous remercie, Monsieur Morgan Tsvangiraï, d'avoir accepté notre invitation à venir vous exprimer devant la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale à l'occasion de votre séjour en France.
Vous présidez le Movement for Democratic Change (MDC), formation politique qui, pour la première fois depuis l'indépendance du Zimbabwe, a remporté les élections législatives au mois de mars dernier face au Zimbabwe African National Union-Patriotic Front (ZANU-PF) du Président Mugabe.
Vous-même étiez candidat à l'élection présidentielle organisée simultanément et vous êtes arrivé en tête à l'issue du premier tour de scrutin, le 29 mars 2008. Le 22 juin, quelques jours seulement avant le second tour prévu le 29, vous avez cependant renoncé à vous présenter compte tenu du climat de terreur et de violence régnant dans votre pays. Craignant pour votre vie, vous avez dû trouver refuge pendant quelque temps auprès de l'ambassade des Pays-Bas.
Le déni de démocratie dont vous avez été victime a été dénoncé par la communauté internationale et, notamment, par les démocraties occidentales, l'Union européenne et le secrétaire général des Nations unies. Dans ce contexte, le Président Mbeki, au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), a entamé une médiation qui a permis la conclusion, le 15 septembre dernier, d'un accord politique visant à un partage du pouvoir avec le Président Mugabe afin de sortir votre pays de l'impasse. Cet accord, qui maintient le Président Mugabe en place et qui vous désigne comme Premier ministre, n'est toujours pas appliqué faute d'une entente sur la composition d'un gouvernement d'union, ce qui suppose non seulement la répartition des portefeuilles ministériels, mais aussi le vote d'un amendement constitutionnel rétablissant le poste de Premier ministre. La conclusion d'un tel accord est cependant essentielle pour votre pays dont la situation est dramatique : un quart de la population a dû émigrer sous le régime de Mugabe, le Zimbabwe connaît aujourd'hui une inflation de 231 millions % – record historique mondial – et sa situation humanitaire et alimentaire est catastrophique.
Monsieur Tsvangiraï, vous avez consacré votre vie à la défense des libertés et des droits de l'homme et, en acceptant la signature d'un accord avec le Président Mugabe, que vous avez combattu, vous avez courageusement ouvert la voie à une solution politique au conflit qui ravage votre pays. Quelle analyse faites-vous de la situation ? Quelle est votre vision de l'avenir du Zimbabwe à court et à moyen terme dans l'hypothèse où les médiations internationales aboutiraient ? Quelles sont vos priorités et votre stratégie ? Qu'attendez-vous de la communauté internationale, de l'Union européenne, de la France ? Vous venez de rencontrer le Commissaire européen Louis Michel et votre séjour à Paris intervient alors que la France occupe la présidence de l'Union : quel message précis souhaitez-vous donc faire passer ?
Enfin, sachez combien je suis personnellement sensible à votre courageuse démarche et à votre engagement politique.