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Intervention de Françoise Vouillot

Réunion du 6 novembre 2007 à 18h00
Délégation aux droits des femmes et l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Françoise Vouillot :

a observé que les normes du masculin et du féminin sont encore très présentes dans la société comme le montre par exemple le concept développé aujourd'hui de « gender marketing ». Il s'agit de vendre les mêmes produits aux hommes et aux femmes mais en les adaptant à leur genre masculin ou féminin, en jouant sur la couleur ou sur la forme.

Faire évoluer ces stéréotypes suppose d'agir au niveau de la formation. Tant que l'on ne formera pas les personnels de l'Éducation nationale à la problématique de l'égalité, dans le cadre de leur formation initiale, on ne trouvera jamais que des individus engagés localement sur cet objectif, sans pouvoir parvenir à faire réellement évoluer les choses. Il faut s'adresser aux conseillers d'orientation, aux personnels administratifs, aux conseillers d'éducation mais aussi aux inspecteurs et aux chefs d'établissement. Tous devraient être formés obligatoirement et de façon conséquente sur ces sujets pour qu'ils réfléchissent à leur sexisme, sexisme développé généralement par simple passivité.

De nombreuses recherches ont montré que les enseignants ont des interactions plus importantes avec les garçons ou les filles selon les matières dont ils traitent. Or, les enseignants ne peuvent généralement imaginer qu'ils génèrent sans le vouloir des inégalités. Lorsque les conseillers d'orientation, par exemple, font des séances d'information collectives pour présenter les filières, ils s'adressent selon les cas soit aux garçons, soit aux filles. Dans ce contexte, il est impossible que les adolescents puissent s'affranchir d'une vision sexuée des professions. La difficulté est d'ailleurs particulièrement grande pour les garçons : s'engager dans une filière perçue comme féminine reste impensable, et même risqué, car ils ne sont plus considérés par leurs pairs comme des garçons. C'est un combat pour les filles mais également pour les garçons. Toute évolution devra donc nécessairement passer par l'obligation de voir cette question du côté des garçons et de ne pas se limiter à la question de l'orientation des filles vers des filières dites masculines.

On commence à sentir une évolution sémantique dans la convention interministérielle de 2006 sur l'égalité des chances et c'est un premier progrès. La vraie avancée aura lieu quand on s'inquiètera de l'absence totale de garçons dans certaines filières considérées comme féminines. Tant qu'il en sera ainsi et que l'on ne se préoccupera pas du fait que la division sexuée de l'orientation touche aussi les choix des garçons, on ne pourra que regretter l'impuissance programmée des politiques à produire du changement et a modifier la réalité de l'orientation.

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