a précisé que, comme pour les autres métiers de l'Éducation nationale, celui-ci avait changé de sexe. Aujourd'hui, ces filières n'attirent plus les hommes. En outre, des métiers comme conseiller d'orientation psychologue, requièrent une formation en psychologie, or, ces étudiants sont à 80 % des jeunes femmes en raison des stéréotypes persistants selon lesquels les femmes sont plus aptes à l'aide et à l'écoute. De surcroît, les hommes étudiants en psychologie ne se spécialisent pas dans les masters professionnels qui préparent à la psychologie clinique ou aux métiers de l'éducation.
À l'INETOP sur vingt-deux étudiants aujourd'hui, il n'y a que trois garçons. Sur les cent-vingt des années précédentes, il n'y en avait que cinq.
Il ne faut pas perdre de vue qu'un jeune, quand il s'oriente vers une filière, va opérer une projection de lui-même en tant que femme ou en tant qu'homme. Un projet scolaire et professionnel est toujours une projection d'une image de soi et une affirmation identitaire. Or, tout le monde sait que ce sont en fait les éducateurs qui font pression pour opérer des choix d'orientation. Un adolescent va être d'abord préoccupé par les mutations qu'il est en train de traverser, dans un contexte où les normes d'hétérosexualité sont encore très présentes. 36 % des garçons de troisième sont orientés vers des CAP ou des BEP (et 27 % des filles) avec les conséquences très lourdes qu'implique cette orientation compte tenu des rigidités du système et du manque de passerelle entre les formations. Et dans ces métiers, le marquage du genre est très prégnant : ce sont des métiers fortement sexués.
À ce moment de l'adolescence, il est tellement important pour le jeune de s'identifier comme fille ou garçon qu'il va instrumentaliser son choix d'orientation en vue d'affirmer son identité. Ceci explique la résistance pour un garçon par exemple à se projeter dans un métier féminin.