La situation en République démocratique du Congo (RDC) est effectivement totalement désespérante au nord comme à l'est du pays. On ne connaît pas exactement le nombre des réfugiés – 800 000, 1 million – à Goma. J'ai espéré, il y a six mois environ, que l'action de la France permettrait de favoriser une solution avec le général Nkunda. Un engagement pour la paix a été signé, sauf par le général Nkunda. Le Président Kabila m'a alors demandé de rencontrer le Président Kagamé au Rwanda pour lui demander s'il acceptait le retour au Rwanda des anciens militaires Interahamwe et s'il acceptait d'inciter le général Nkunda à signer l'engagement pour la paix.
Mais, invoquant le non-respect de certains engagements, le général Nkunda est resté sur son refus. Il porte donc la responsabilité principale de cette situation explosive. Aujourd'hui la situation des réfugiés est épouvantable. Rançonnés, ils vivent dans des conditions sanitaires et humanitaires catastrophiques et changent de lieu sans cesse. Une grande lassitude s'est instaurée. Malgré cela, la France a augmenté son aide alimentaire de 2,5 millions en la portant à 7,5 millions d'euros en 2008 ; nos relations avec le Président Kabila sont bonnes mais personne n'ose plus s'aventurer dans cette zone, ce qui est regrettable. Il faudrait reprendre l'initiative et ne pas se satisfaire de cet abandon international.
Vous nous faites un mauvais procès, Monsieur Lecoq, car il n'est pas possible de changer la situation du jour au lendemain, en particulier dans un pays comme l'Afghanistan qui n'a jamais été conquis, malgré les invasions successives qu'il connaît depuis des siècles. Je me permets de vous renvoyer à ce propos au très beau livre de Michaël Barry sur Le Royaume de l'insolence.
Nous entretenons en effet des contacts avec les pays environnants, qui ont des positions très différentes, notamment en ce qui concerne la lutte contre le trafic de drogue. Les États de l'Union européenne se parlent également sur ce dossier et affirment de plus en plus souvent des positions communes, lesquelles seront proposées aux Américains dans le « document transatlantique » après les élections du 4 novembre. Nous voulons peser sur la détermination américaine. Nous sommes favorables à la révision des deux dispositifs présents en Afghanistan, la force internationale de la FIAS et l'opération Enduring Freedom. Je rappelle que le Président Jacques Chirac et le Premier Ministre Lionel Jospin avaient, en 2001, décidé de placer nos forces directement sous commandement américain d'Enduring Freedom ; et puis il y a eu l'engagement des forces de l'OTAN.
Actuellement, il existe deux commandements distincts, alors qu'il faudrait au moins un chapeau commun et surtout les règles d'engagement sont très différentes. Je sais par expérience qu'il y a là une grande difficulté, chaque pays ayant tendance à se référer à ses autorités nationales pour savoir s'il est autorisé à agir. Cette situation est très difficile à modifier. Certains sont dans des zones où l'on ne se bat jamais alors que d'autres comme la France ou le Canada sont dans des zones exposées.
Vous m'avez interrogé sur « l'effet Kosovo ». La France a fait voter aux Nations unies un texte par l'Assemblée générale qui pose la responsabilité de protéger, c'est-à-dire d'agir en amont. Le droit d'ingérence qui vise à prévenir les guerres est actuellement en perte de vitesse. En effet, il y a des organisations régionales qui n'acceptent pas l'intervention de troupes européennes. Ainsi, par exemple, l'Union africaine a d'abord souhaité un règlement par les Africains du conflit au Darfour, mais cela n'est pas possible car les forces de l'UA correctement équipées sont en nombre insuffisant.
Nous venons de recevoir les Soudanais – je rappelle à cette occasion que nous soutenons les procédures mises en place par la justice internationale – qui n'ont pas souhaité la venue de troupes européennes.
M. Myard, vous vous trompez. Il faut bien sûr distinguer ceux qui ont organisé les attentats meurtriers et immondes contre l'hôtel Marriott à Islamabad ou contre l'ambassade de l'Inde à Kaboul, ceux qui posent les bombes. Ceux-là, il faut les combattre, c'est la seule solution. Les autres, les Talibans de famille, si j'ose dire, où les voyez-vous ? Par exemple, à l'hôpital français de Kaboul. Ces Talibans de villages, je les connais par coeur et il faut discuter avec eux et je pense que les Américains vont changer de stratégie sur ce point.
Enfin, je vous rappelle qu'à l'OTAN où les décisions se prennent par consensus, il n'y a pas pour l'instant d'accord sur l'entrée de l'Ukraine et de la Géorgie et une réunion de l'OTAN est prévue en décembre pour débattre à nouveau de cette question.
Pour conclure, une bonne nouvelle du Niger. M. Moussa Kaka a été libéré.