L'ambassadeur de Géorgie à Paris a eu l'occasion d'évoquer ici même les provocations russes avant la réaction militaire de son pays. Quoi qu'il en soit, et indépendamment du tempérament « sanguin » du Président Saakachvili, je retire de cette audition le sentiment que nombre de Géorgiens considèrent en tout cas que l'offensive militaire qui a été menée fut une grosse bêtise, la perspective d'adhésion de leur pays à l'OTAN et à l'Union européenne s'éloignant désormais, ce que personnellement j'espère. Que pensez-vous, Monsieur le ministre, des rumeurs selon lesquelles les conseillers militaires américains proches de M. Saakachvili auraient poussé ce dernier, qui aurait été personnellement plus prudent, à intervenir en Ossétie ?
Au moment où nous avons besoin d'une politique européenne qui ne soit pas calée sur celle des Etats-Unis, car nous avons des intérêts et des situations différentes à l'égard de la Russie, quelles sont les perspectives de notre présidence ? La France compte-t-elle donner une impulsion pour définir une politique de l'Union vis-à-vis de la Russie, qui estime elle aussi avoir été provoquée par l'installation du bouclier antimissile, par l'offensive géorgienne, les perspectives d'adhésion à l'OTAN offertes à l'Ukraine et à la Géorgie, par les trafics croissants des bateaux entre le détroit du Bosphore et Sébastopol ?
Personnellement, je suis inquiète de voir l'Europe s'effilocher et, au fur et à mesure des crises –je pense à la crise financière–, adopter des réflexes nationaux alors qu'il faudrait profiter de cette période avant les élections américaines pour faire entendre une voix européenne.