, a expliqué que cette tentative, un traitement par les cellules souches mésenchymateuses, avait suivi le traitement tout à fait réussi d'un peintre chilien et d'un travailleur sénégalais soignés en France en 2006. Ces personnes avaient été victimes d'une brûlure radiologique par une source de gammagraphie industrielle. Au Chili, l'ouvrier avait ramassé par terre ce petit objet métallique brillant, et l'avait mis dans sa poche arrière ; il a eu la chance de croiser son chef de chantier qui portait sur lui un dosimètre électronique. Dans le cas du travailleur sénégalais, la source de gammagraphie industrielle était restée dans le flexible qui avait été roulé comme un tuyau d'arrosage et mis sous un escalier. Un jour, il a transporté le rouleau de flexible en le suspendant à son épaule ; la source était juste sous son bras. Ces deux personnes ont subi des brûlures radiologiques sévères sur la peau, de plusieurs dizaines de Gray. Leur traitement a consisté en une opération précoce, avec ablation chirurgicale de la zone affectée et greffe autologue de peau intégrant des centaines de millions de cellules souches mésenchymateuses. Ce type de thérapie a enregistré des résultats remarquables chez ces deux patients chilien et sénégalais, alors que les expériences antérieures avaient été jusque là dramatiques, et avaient notamment abouti au décès d'un patient péruvien.
Ce succès a ouvert la voie pour le traitement de trois patients d'Epinal, pour lequel l'AFSSAPS a donné son autorisation. Malheureusement, il n'a pas été possible de pratiquer des greffes autologues, mais seulement des greffes hétérologues à partir de prélèvements sur la fratrie. Chez au moins l'un des patients, le résultat a été tout à fait intéressant. Le problème est que la mise en culture des cellules souches mésenchymateuses a montré l'apparition d'anomalies chromosomiques. Pour l'instant, l'AFSSAPS a suspendu le recours à cette méthode en attendant que des recherches permettent d'expliquer ces anomalies, car il ne faudrait pas que le traitement par cellules souches entraîne une pathologie proliférative clonale. Le problème pourrait venir du milieu de culture ou du processus de culture ; en tout cas, dès qu'il sera éclairci, les travaux ne demanderont qu'à reprendre. Les effets sont tout à fait miraculeux ; le premier symptôme de rétablissement est la disparition de la douleur dans un délai de 24 heures, alors que d'habitude celle-ci ne cède pas au traitement antalgique. C'est un chantier très important, dont l'ASN suit de près les avancées en interrogeant régulièrement l'AFSSAPS.
A l'issue de la réunion, M. Claude Birraux, député, Président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques a donné la parole aux journalistes qui ont posé les questions suivantes :
- l'ASN procède apparemment beaucoup par une démarche d'incitations. Dispose-t-elle d'un arsenal juridique pour exercer le cas échéant une pression plus ferme, voire prendre des sanctions ?
- en évoquant les relations bilatérales entre l'ASN et ses homologues étrangères, le rapport d'activité ne mentionne pas la Chine : est-ce qu'aucun contact n'a eu lieu avec ce pays ? En revanche, les relations avec l'autorité de sûreté britannique sont longuement évoquées. Quel est l'apport du récent accord signé avec celle-ci, y compris dans le cadre de la MDEP (Multinational Design Evaluations Program) ?
- de nombreux ingénieurs et responsables du secteur nucléaire voient arriver avec un certain regret la mise hors service du réacteur Phénix, prévue en 2009, alors que, moyennant quelques aménagements, ce réacteur pourrait continuer à fonctionner et contribuer aux recherches sur la transmutation des actinides. La position de l'ASN est-elle définitive ?
- le besoin de mettre en place une autorité de sûreté est-il suffisamment pris en compte dans les accords de coopération nucléaire passés actuellement ?
- l'ASN contribue, au sein de l'INRA, à rechercher avec d'autres autorités de sûreté une approche harmonisée vis-à-vis de la coopération nucléaire avec les pays émergents. Mais l'INRA ne compte que neuf membres, parmi lesquels la Russie et la Chine ne figurent pas. N'est-ce pas une situation préoccupante, dans la mesure où ces deux pays se positionnent en tant que fournisseurs potentiels d'autres pays dans le domaine nucléaire ?
- le problème du colmatage concerne-t-il les 32 réacteurs de 900 MW? Seuls quatre réacteurs ayant bénéficié d'un étuvage chimique en 2007, combien de temps la résolution du problème prendra-t-elle ? On peut lire dans le rapport que le colmatage progresse de 5 % par an. A partir de quel moment la situation deviendra-t-elle critique ?
- à propos des effets du crash éventuel d'un avion sur une centrale nucléaire, aucune voix « officielle » ne s'est fait entendre, suite à la divulgation récente d'un document confidentiel d'EDF. Comment expliquer cette discrétion ?
- l'ASN confirme-t-elle que les grosses installations nucléaires françaises résisteraient de manière satisfaisante à une telle attaque ? Que signifie, en ce cas : « de manière satisfaisante » ?
- s'agissant de la radioprotection des patients, quel délai l'ASN juge-t-elle nécessaire pour intégrer dans la pratique la mise en oeuvre des nouveaux protocoles opérationnels assurant les conditions de sécurité optimale ? Peut-on imaginer qu'un contrôle plus prégnant permette une adaptation plus rapide ?
- le décret réglementant le retraitement des combustibles irradiés en provenance de l'étranger a été récemment publié. L'ASN a émis par le passé des réserves concernant certains contrats de retraitement. Le décret lui donne-t-elle satisfaction ?