S'agissant de Natixis, nous proposerons à l'assemblée générale des actionnaires, qui se tiendra cet après-midi, de simplifier le mode de gouvernance actuel : cette société sera désormais régie par un conseil d'administration, et non plus par un conseil de surveillance et par un directoire ; Natixis étant la principale filiale du groupe, en relation constante avec les deux réseaux de distribution, nous souhaitons également favoriser son intégration au sein du nouvel organe central, en attribuant à son directeur général un siège au comité de direction générale.
En ce qui concerne la stratégie de Natixis, nous allons accélérer trois évolutions déjà engagées : la réduction de son profil de risque, le recentrage de ses activités de banque d'investissement vers les services aux clients, au détriment de la gestion pour compte propre, ainsi que l'intégration des métiers complémentaires de banque commerciale au sein des deux réseaux. À terme, cette évolution pourrait conduire à une réflexion d'ensemble sur la structuration du nouveau groupe, mais cette question n'est pas, pour le moment, à l'ordre du jour.
J'en viens à la question des dépréciations. Comme toutes les banques de financement et d'investissement – BFI – et plus encore que d'autres, car seules les activités de BFI sont cotées, Natixis détient aujourd'hui un certain nombre d'actifs illiquides ou à risque. Compte tenu des conditions de marché, qui restent dégradées depuis la faillite de Lehman Brothers, de nouvelles dépréciations pourraient être constatées.
J'en viens aux apports de l'État. La puissance publique est effectivement devenue un actionnaire important de l'organe central, mais sa participation demeure toutefois minoritaire, et la ministre a indiqué que la puissance publique n'avait pas vocation à détenir indéfiniment une partie du capital. Reste que le remboursement des fonds apportés par l'État – ou leur remplacement par d'autres capitaux – ne doit pas être un objectif en soi.
Je n'ai pas le sentiment que les caisses d'épargne aient fait une bonne affaire en rachetant les parts de la Caisse des dépôts et consignations. Il faut donc être prudent. Le critère essentiel sera naturellement la capacité du futur groupe à dégager des résultats pérennes. Pour y parvenir, il faudra non seulement redresser Natixis, mais aussi améliorer la performance économique de chacun des réseaux de distribution. Nous avons en effet des marges de progression : le coefficient d'exploitation des caisses d'épargne s'est dégradé au cours des dernières années et celui des banques populaires, bien qu'il soit aujourd'hui meilleur, demeure inférieur à celui de certains concurrents. La rémunération des fonds propres apportés par l'État ne me semble pas soulever de difficulté particulière, mais si nous voulons les rembourser ou les remplacer par d'autres capitaux, il faudra être plus performant. Il y va également de la pérennité du groupe !
Cela étant, on peut espérer que les conditions économiques et financières s'amélioreront et qu'elles permettront de lever des fonds propres auprès d'autres acteurs, et cela à des prix moins élevés qu'aujourd'hui, ce qui permettra de remplacer l'État.
Grâce à la création d'un organe central, nous espérons en outre réaliser des synergies représentant environ 25% des coûts d'ici à 2012. La coordination de la politique commerciale des réseaux favorisera en effet des synergies de revenus, ne serait-ce que par des échanges de bonnes pratiques, et nous nous attendons également à des synergies de coûts grâce à la mutualisation de plusieurs outils, notamment dans le domaine des paiements, ainsi que grâce à celle d'un certain nombre d'achats, en particulier s'agissant de l'informatique, des télécommunications, des transports de fonds ou de la gestion des espaces de communication. En améliorant l'intégration des filiales de Natixis au sein de l'organe central, et en les plaçant davantage au service des clients, nous devrions aussi réaliser d'autres synergies.
Le calendrier est effectivement tendu. Il nous semblerait préférable que le projet de loi soit adopté avant la fin du mois de juin. En l'absence de signes d'amélioration du contexte économique et financier, mieux vaut ne pas attendre trop longtemps pour réaliser l'opération.