Peut-être avez-vous conservé, malgré votre grande expérience, une certaine innocence, mais vous êtes le plus mal placé, monsieur Gremetz, pour poser une telle question. La raison de cette lacune, c'est qu'aujourd'hui, près de soixante-dix ans après les faits, nous n'avons toujours pas digéré – au sens politique et historique du terme – les deux courants qui ont convergé pour former la Résistance.
Un exemple : lorsque, après 1981, on a ouvert à nouveau l'attribution de la carte du combattant volontaire de la Résistance, le nombre de titulaires est passé de 190 000 à 270 000. Cela signifie donc que l'on en avait oublié 80 000. Il y a de quoi s'interroger.
La question que vous posez est tout à fait pertinente, mais elle montre que nous ne parvenons pas à adopter, sur cette affaire, autre chose que des positions d'alternance : une fois, c'est le général de Gaulle qui fait la loi ; la fois suivante, c'est la gauche. Il faudrait pouvoir proposer une initiative afin de dépasser cette « sinusoïde des mémoires » !