Au début de l'après-midi, nous avions un peu le sentiment d'avancer avec difficulté, et je ne sais pas encore quel sera le bilan de nos réflexions. Mais j'ai beaucoup apprécié le propos de Mme Vergès sur les différents types de commémorations. Il ne faut pas s'en tenir aux monuments aux morts, au risque de se figer et de ne pas savoir quelles commémorations mettre en valeur.
J'ai été un peu surprise par la tournure qu'a prise le débat sur les dates. Certes, il en faut. Mais chacun, historien ou non, a sa vision personnelle de l'histoire – son entrée personnelle dans l'histoire. Il peut se la raconter d'une manière particulière, et sur la base de dates très différentes. Cela se vérifie sur tous les sujets – la Révolution française, par exemple. Voilà pourquoi il serait très dangereux que le politique définisse les dates de l'histoire de France.
D'abord, l'histoire a lieu. Ensuite, les historiens l'écrivent en fonction de leurs interrogations et de leurs préoccupations du moment. Voilà pourquoi cette histoire est en perpétuel mouvement, même si on a parfois l'impression, à entendre certains, que l'histoire est figée. Il ne peut donc y avoir de dates immuables.
Certains ont parlé du 11 novembre, que l'on ne met bien évidemment pas en doute. Mais je remarque que, jusqu'à présent, on n'a pas abordé la question suivante : doit-on envisager de faire des commémorations européennes ? Car les victoires des uns sont des défaites pour les autres. Il faut sortir de l'idée qu'on pourra trouver des dates sur lesquelles tout le monde pourrait s'entendre.
Je pense moi aussi qu'il ne faut pas multiplier les commémorations et qu'il faut trouver des formes de commémoration très variées. Les jeunes générations, notamment, doivent pouvoir découvrir l'intérêt de l'histoire, avec des documents accessibles, et apprécier celle-ci sous des angles différents. L'histoire est un moyen de développer leur esprit critique et de les éduquer à la citoyenneté. Ce n'est pas en leur imposant une histoire dite « officielle » qu'on y parviendra.