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Intervention de Jacques Pélissard

Réunion du 30 septembre 2008 à 15h00
Mission d’information sur les questions mémorielles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Pélissard :

La multiplication des dates contribue à la dilution de l'hommage. Je participe tous les ans à la commémoration de la Libération de ma ville, qui a eu lieu le 25 août 1945, en même temps que celle de Paris. Chaque année, je refais le chemin des combats. En 1989, lorsque j'ai été élu, il y avait encore des survivants pour y assister. Maintenant, il n'y a plus que les porte-drapeaux et moi.

Par ailleurs, une commémoration ne doit pas être figée pour l'éternité. Aujourd'hui, il n'y a pour ainsi dire plus de Poilus. Faut-il conserver la cérémonie du 11 novembre, sachant qu'au fil des années viendront se rajouter d'autres commémorations – pourquoi pas celle des combattants d'Afghanistan ? On risque d'aboutir à une kyrielle de commémorations, qui deviendra ingérable. Soyons donc vigilants.

Que commémorons-nous ? Des victoires contre des pays qui nous avaient agressés ; des combats menés au nom de principes : lutte contre l'esclavage, hommage aux Justes ou aux harkis, etc. Ces commémorations correspondent à la vision de certaines parties de la population. Le phénomène est très net, s'agissant du 19 mars et du 5 décembre. Il s'agit de commémorer à peu près la même chose, mais pas par les mêmes personnes : le 19 mars, les combattants, sous l'égide de la FNACA, commémorent la fin des combats ; le 5 décembre, les rapatriés se souviennent de ce qu'ils ont subi sur le territoire algérien.

L'existence même de ces cérémonies témoigne du fait que nous avons une vision parcellisée de notre histoire. Il serait intéressant d'en sortir pour retrouver une date commune qui permette de mettre en valeur les principes républicains de la nation. Il faudrait trouver une date unique, qui ne soit pas l'occasion d'un pont, qui ne soit pas un samedi ou un dimanche – un mercredi par exemple – et qui permette aux enfants d'être présents, donc hors d'une période de congés. On pourrait utiliser cette date pour décliner tout ce qu'est la République : la lutte contre l'esclavagisme, la volonté de cohésion sociale, les valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité.

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