Pour répondre à cette première question, il m'apparaît, en qualité de présidente, depuis janvier 2008, du Comité pour la mémoire de l'esclavage, que c'est la nation et elle seule qui, par l'intermédiaire de ses représentants, doit prendre la décision d'une commémoration. Aucune autre catégorie, historiens ou autres, ne peut le faire.
Nul ne peut également vouloir limiter, en la définissant une fois pour toutes, la liste des commémorations, car ce serait figer quelque chose qui, par essence, ne peut être que le reflet de l'histoire. On ne peut dire qu'il n'y aura plus d'autres commémorations, sachant que d'autres événements peuvent encore être célébrés.
Le choix politique de la commémoration d'un fait historique répond à deux logiques complémentaires. Il s'agit, d'une part, de conforter la cohésion nationale autour de valeurs communes à la majorité des citoyens – la fin de la Grande Guerre ou encore la défaite des régimes nazis et fascistes – et, d'autre part, d'intégrer à la nation des catégories de citoyens qui se considéraient jusqu'à présent en dehors de son histoire. La loi dite « Taubira » réunit, à nos yeux, les deux logiques : elle conforte la cohésion nationale et intègre l'histoire négligée et marginalisée des citoyens issus des régimes esclavagistes qui est, pour nous, l'histoire de la France. Elle n'est en aucun cas l'histoire des ultramarins, ni même l'histoire des descendants d'esclaves ou des négriers, mais l'histoire de toute la France.
Je répondrai, par la suite, à la question de la « repentance ».