Pour avoir travaillé en Afghanistan depuis les années 1980 en qualité de journaliste, j'ai passé des jours et des nuits dans les tranchées, à des moments particulièrement dangereux, avec des combattants qui ont, par la suite, accédés aux responsabilités. Ils savent que je n'ai pas d'objectifs inavoués. Ils me connaissent et ont confiance en moi. Le ministre de l'information a donné son accord à la création de Parvaz qui, m'a-t-il dit, lui plaît beaucoup. Le problème, c'est le manque de fonds ; trouver les ressources nécessaires à la fabrication de chaque numéro tient du parcours du combattant.
Quand un magazine arrive dans un village, il est couramment lu par vingt à vingt-cinq personnes, à condition que la population ne le tienne pas pour un instrument de propagande. À cet égard, les « provincial reconstruction teams » de la coalition ont beaucoup nui aux ONG : imaginez quel effet cela peut faire à des villageois de voir arriver des chars, avec la menace qu'ils représentent, puis d'en voir sortir un officier expliquant qu'il va construire une école… Ce mélange des genres crée de réels problèmes. De plus, il faut agir en fonction des différentes cultures. Si l'école n'est qu'un bâtiment ce n'est pas suffisant en soi et 270 écoles construites grâce à l'aide internationale ont été brûlées, alors que personne ne s'en prend à nos magazines.
Dès l'origine du projet, j'ai dit à mes interlocuteurs qu'Aina serait, à terme, une ONG afghane. Kaboul weekly est ainsi devenu complètement indépendant en octobre 2007, de même que la radio des femmes et l'agence afghane de photos.