À travers cette question sur l'intérêt de la dualité pour les PME, vous abordez un sujet extrêmement intéressant et d'une grande actualité.
Travailler pour la défense pose un premier problème, de nature commerciale : le nombre de clients est particulièrement restreint. De surcroît, l'un d'entre eux peut, par l'intermédiaire de la CIEEMG, décider de ce qu'il est possible ou non de vendre. Il s'agit donc d'un marché extrêmement contraint, à l'opposé des impératifs qui caractérisent une PME, qui se doit d'être réactive et de se développer le plus vite possible.
En outre, il est de notre devoir – ainsi que du vôtre – de rendre la défense attrayante pour les PME. Souvenons-nous de la guerre froide : c'était une compétition technologique, pour laquelle beaucoup d'argent était mobilisé, et qui exerçait un effet d'entraînement positif sur le reste de l'économie ; les entreprises du secteur bénéficiaient de marges importantes, d'une trésorerie confortable et de gros budgets. La situation actuelle est exactement inverse : les budgets sont contraints, fluctuants, et c'est la technologie civile qui tire le marché. Le week-end dernier, j'ai rencontré des responsables de sociétés de capital risque. Ils m'ont clairement mis en garde contre le risque qu'il y avait à évoluer dans le secteur de la défense, « beaucoup trop contraint ». Sur le long terme, cet affaiblissement des PME de défense est problématique. En effet, si la France entend conserver un avantage technologique sur ses adversaires potentiels, il est impératif d'attirer des talents et des idées afin de développer la réactivité de notre industrie de la défense. Or cette réactivité se trouve principalement chez les PME.
En outre, nous avons fini par nous satisfaire d'être seconds derrières les Américains.