Comparer n'étant pas assimiler, tout doit pouvoir être comparé. Néanmoins, l'extrême singularité de la Shoah me semble patente en raison de l'industrialisation de l'extermination et, comme disait Hannah Arendt, du refus absolu de « partager la terre » avec les Juifs : jamais une telle décision n'avait été prise. Je renvoie à ce propos à la belle nouvelle d'Ivo Andric, Le Titanic, où un Oustachi vient chercher un petit Juif insignifiant jusqu'au fin fond d'un café de Sarajevo pour l'envoyer dans un camp. Ceci est effectivement unique. Une fois encore, les oeuvres peuvent nous aider. Je pense en l'occurrence au testament spirituel de Vassili Grossman, Tout passe, où il est aussi question du Goulag et de la famine programmée en Ukraine. Il faut donc penser à la fois l'unicité et la comparabilité.