Le paradigme antitotalitaire me paraît aujourd'hui fragilisé par le complexe que nous avons en Europe à afficher notre universalisme. Avant la chute du mur de Berlin, l'Europe de l'Ouest affichait pour l'URSS, l'Europe de l'Est et la Chine, une ambition universelle qu'aujourd'hui l'Europe n'ose plus affirmer. Or, malgré leur évolution, la Chine et la Russie continuent à développer des modèles tout aussi spécifiques que dans les précédentes décennies.
Ma présence au sein de cette mission est lacunaire, mais il me semble que nous mettons, à affirmer notre mémoire, beaucoup de relativisme. Or le relativisme est un élément de modestie, mais aussi de fragilité.
Je suis tout aussi inquiet pour la Chine et la Russie que pour nous : l'universalisme est aujourd'hui plus faible que jamais, en tout cas en France. Ce phénomène est-il conjoncturel ? Est-il tactique ? Traduit-il un affaiblissement grave de l'esprit européen ?