…et encore 70 millions, concernant les personnels de France Télévisions, pour l'harmonisation sociale et salariale. Entre parenthèses, cette somme n'étant pas provisionnée, cela signifie-t-il que vous allez licencier au rabais, sans respecter les conventions collectives actuelles ? En imaginant le pire, ce serait 20 à 30 millions d'euros que coûterait le fameux plan social annoncé par M. Lefebvre.
Pour continuer sur les chiffres dont vous ne parlez pas, il y a encore les 40 millions d'euros résultant de l'indexation de la redevance sur l'indice des prix, que Bercy a décidé d'utiliser dans l'enveloppe compensatoire plutôt qu'à l'abondement du budget de France Télévisions ; enfin, les 70 à 100 millions que France Télévisions avait réussi à économiser sur les investissements nécessaires à son basculement dans le tout-numérique, et dont Bercy – encore – l'a tout simplement privée.
Au total, 70 millions plus 40 millions plus 200 millions plus 70 millions plus 20 à 30 millions plus 40 millions plus 70 à 100 millions égalent 510 à 550 millions dont nous n'avons jamais parlé, ou si peu, dans cet hémicycle depuis hier après-midi. Ils sont pourtant le nerf de la guerre, le moyen de faire face aux besoins, aussi bien pour les salariés que pour la modernisation du média global et la compétitivité vis-à-vis des chaînes privées.
Ces chiffres, ou plutôt leur omission, éclairent votre politique de leurre. Ce petit récapitulatif arithmétique vous a peut-être semblé fastidieux, mais il dresse néanmoins un saisissant aperçu de la casse – et du casse du siècle – que vous êtes en train de préparer. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! D'ailleurs, même sur les bancs de la droite, cela a été dit.
Le compte n'y est pas. Cela fait beaucoup d'oublis pour mener à bien une réforme valable. Ces chiffres sont confirmés par les principaux intéressés. Les syndicats des personnels sont formels, le président de Carolis lui-même ne dément pas et s'est dit atterré devant l'ampleur du déficit à venir.
Vous dites, madame la ministre, que le Gouvernement s'est engagé à compenser à l'euro près toutes les pertes de France Télévisions. Allez-vous prendre en considération les 850 millions de manque à gagner réel que je viens d'évoquer ? Comment pouvez-vous affirmer que vos dispositifs seront garantis et pérennes tout en les renvoyant au projet de loi de finances ? Les variables politiques et financières sont trop nombreuses et aléatoires pour que vos propositions soient prises au sérieux. Cela n'a pas de sens.
Vous l'aurez compris, et je l'ai déjà dit, je ne crois pas une seule seconde à cette promesse.