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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 4 décembre 2008 à 21h30
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Reprise de la discussion, amendements 80 206 211 798

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Mme de La Raudière semblait porter un regard critique sur l'hebdomadaire Marianne. C'est son droit le plus strict, et je ne le conteste pas, mais j'aimerais attirer son attention sur le fait que ce journal ne s'autorise pas, contrairement à Paris-Match, à retoucher certaines photos pour faire disparaître quelques bourrelets sur une silhouette ou la bague portée par une ministre. Marianne obéit à des règles déontologiques, ce qui fait toute la différence avec la publication où le Président de la République et son épouse s'affichent régulièrement en compagnie de leurs amis qui se trouvent en être les éditeurs.

L'amendement n° 798 va dans le sens de ceux qui ont été défendus précédemment : l'article 14 a pour conséquence de charger un peu plus la barque de France Télévisions, dont la situation est déjà critique. La suppression partielle de la publicité à laquelle il va être procédé dans un premier temps va entraîner un manque à gagner de 430 millions d'euros ; en 2012, la suppression totale des ressources publicitaires se traduira par une perte de près de 800 millions d'euros. Comment peut-on, dans la situation budgétaire dramatique que nous connaissons actuellement, décider d'augmenter encore le déficit de la France ? Les engagements pris devant la représentation nationale par Mme la ministre de la culture, M. le rapporteur et M. le président de la commission spéciale, sont très flous. Face aux difficultés qui s'accumulent dans notre pays, liées tant à la crise internationale qu'à la mauvaise gestion du Gouvernement, il est évident qu'il sera très difficile à ce gouvernement d'assumer le remboursement du manque à gagner que va subir France Télévisions – d'autant que les sommes en question, inscrites dans le budget de l'État, ne constituent pas une ressource affectée. Il y a tout lieu de se poser des questions quant à la manière dont sera financé le service public de l'audiovisuel et il est même d'ores et déjà permis d'affirmer que ce service public sera sous-financé.

La première victime de cet état de fait sera évidemment France 3, la chaîne qui comprend le plus de rédactions et de journalistes et qui, mettant en pratique la devise écologiste « penser global, agir local », est à la fois généraliste et de proximité. L'application de l'article 14 aurait pour conséquence d'alourdir un peu plus la charge de France Télévisions et de pénaliser France 3, qui est aujourd'hui la chaîne la plus menacée de l'audiovisuel public. C'est la raison pour laquelle nous insistons auprès de Mme la ministre et de M. le rapporteur pour qu'ils entendent nos amendements, basés sur des arguments de fond, et non des motivations à caractère politicien. Si nous insistons comme nous le faisons, c'est bien parce que nous tenons à discuter sur le fond – mais c'est peut-être aussi ce qui rend le dialogue difficile, avec des interlocuteurs qui préfèrent la technique de l'escamotage. L'obstruction que l'on nous reproche n'est pas de notre fait, mais provient de l'attitude de la majorité, qui s'emploie à escamoter le débat pour nous empêcher de débattre sur le fond et de démontrer ainsi le double langage dont elle use, l'hypocrisie consistant à tuer le service public tout en faisant l'éloge de ce qui nous est présenté comme une grande réforme. Il serait salutaire pour le service public et pour l'intérêt général que l'on comprenne enfin que le service public appartient à tous. Il n'est la propriété de personne, et surtout pas du Président de la République !

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