Madame la présidente, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, mais aussi – c'est moins connu – membre du GIEC, déclarait récemment : « La contradiction de la crise financière qui frappe actuellement la planète est liée, c'est vrai, à des dérèglements des marchés financiers à caractère conjoncturel, mais elle vient aussi du fait que nous ne donnons pas de prix à certaines ressources très importantes et finies, à commencer par l'eau et l'air. Si certaines de ces ressources n'ont pas de prix, on finit par croire qu'elles sont gratuites. »
La majorité des économistes et des élus continuent à raisonner comme si la production était une fonction du seul capital humain, ce qui revient à croire que les ressources naturelles procèdent de la génération spontanée. Dans ce contexte, acter que, sans planète ni environnement, il n'y a pas d'activité économique qui tienne ni de société prospère et solidaire est déjà une bonne chose.
De même, nous devons nous féliciter de la confirmation, par le Conseil européen des 15 et 16 octobre derniers, de l'objectif des « 3 x 20 », qui consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport à leur niveau de 1990, à améliorer de 20 % l'efficience énergétique et à porter à 20 % la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d'énergie d'ici à 2020.
Il est indispensable d'intégrer dans nos raisonnements le tableau de la réalité qu'a très bien décrit Jérôme Lambert, car la lutte contre le réchauffement climatique est primordiale. Le professeur Jean-Marc Jancovici a décrit cette nécessité de manière imagée : « Le pic de production du pétrole et le changement climatique ne vont pas se terminer avec un maillot de bain et un petit tour à vélo : sans prendre le taureau par les cornes et sans se mettre dès à présent en mobilisation générale, cette affaire se terminera en subprime puissance mille. »
Face à l'urgence climatique et écologique, nous devons intégrer la contrainte énergétique à venir en l'incluant rapidement et progressivement dans les prix ; sinon, c'est la crise et l'effondrement qui nous imposeront de régler le problème dans la souffrance. Ainsi, il est, je le pense sincèrement, de la responsabilité morale des politiques de mettre en place un prélèvement généralisé et croissant sur les énergies fossiles que sont le fioul, le gaz et les carburants routiers,…