…visant à empêcher d'approcher au fond l'ensemble de ces questions et à tenter ainsi de masquer l'inadéquation et l'injustice des réponses apportées par ce gouvernement.
Cette manoeuvre a échoué, mais en partie seulement.
M. Copé a bien été contraint de manger son chapeau, de retirer sa motion d'irrecevabilité aux supposées vertus pédagogiques et de laisser ainsi se dérouler la discussion générale sur les trois propositions de loi.
Pour autant, ne soyons pas dupes. Les débats auxquels seuls les députés de l'opposition ont réellement et effectivement participé la semaine dernière ne grandissent pas notre démocratie. Cette anticipation dans l'application de la réforme de notre règlement, censée être au service des droits du Parlement, a révélé en fait le vrai visage de la réforme constitutionnelle, véritable guillotine pour les droits de l'opposition. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes GDR et SRC.)
L'application étroite de l'article 40 de notre Constitution, la saisine anticipée par le président de notre assemblée du bureau de la commission des finances dès le stade de l'examen en commission des affaires sociales de la proposition de loi pour l'augmentation des salaires et la protection des salariés et chômeurs, a également contribué à confisquer l'important débat sur la sécurisation des salariés victimes de licenciements, les droits des personnes privées d'emploi.
Il est vrai que cette discussion aurait éclairé, une fois de plus, la gestion à contretemps de cette question par le Gouvernement, qui a agréé la nouvelle convention d'assurance chômage, procyclique, inadaptée à la situation que nous connaissons, et qui joue encore de mesures de passe-passe en affichant la prime de 500 euros pour les chômeurs non indemnisés, une prime et non une allocation, excluant de fait les jeunes primo-demandeurs d'emploi, les personnes précaires ne pouvant justifier de deux mois d'activité.
Vous avez eu peur du débat, mesdames, messieurs du groupe UMP, tant sur le bouclier fiscal que sur la rémunération des dirigeants, les heures supplémentaires, les licenciements, la solidarité ou le séjour des personnes étrangères.
Si ces sujets correspondent à des engagements de campagne du Président de la République, cela ne nous et ne vous dispense pas de faire entendre d'autres voix, de proposer des solutions alternatives tenant compte de la violence inédite de la crise économique et sociale dans laquelle vos choix encourageant le capitalisme de casino ont plongé notre société.
Vous ne pouvez, sous prétexte que la France amortirait mieux que les autres pays européens les effets de la crise, avec de pâles lueurs d'espoir non pas de reprise mais de moindre brutalité dans le déclin de l'activité, continuer à protéger les vôtres, les grands patrons et leurs rémunérations indécentes qui exaspèrent les Français et les révoltent.
Votre seul credo, c'est d'honorer les promesses de campagne de votre Président, celui de la prétendue valeur travail et du pouvoir d'achat.
Combien de millions de chômeurs, de bénéficiaires du RSA supplémentaires, combien de manifestations de force dans la rue vous faudra-t-il encore afin que vous cessiez d'attendre et agissiez enfin pour remettre en cause la dictature de la finance et pour orienter notre modèle de développement au bénéfice de l'homme ?
Avant même la crise financière, les valeurs de nos concitoyens avaient déjà évolué, comme le révèle une enquête récente. La demande d'égalité est devenue plus importante que celle de liberté. D'autres idées, telles que le contrôle des entreprises, la présence forte de l'État pour satisfaire les besoins de chacun, ont largement fait leur chemin. Les partisans d'un changement radical de la société sont aussi en hausse.
Raul Magni-Berton, analysant ces résultats dans Le Monde, considère à juste titre que cette tendance s'est probablement encore accentuée et qu'elle peut en partie expliquer la faible popularité du gouvernement et les succès des journées nationales d'action.
Bien que la stratégie du Gouvernement soit à la minimisation de la mobilisation de ce Premier mai, pourtant quatre à six fois supérieure à celle de l'an dernier, vous ne pouvez plus décemment rester sourds aux exigences de justice sociale et d'urgence sociale qui ne cessent de s'exprimer.
Il faut arrêter de laisser le temps au temps, monsieur le secrétaire d'État, revoir l'ordre de vos priorités, mettre votre énergie non pas à défendre l'injuste bouclier fiscal ou le dispositif inique et stupide des heures supplémentaires, mais à répondre, par-delà les mots, par des mesures concrètes et d'ampleur, aux urgences que sont l'arrêt des licenciements économiques, la relance par les salaires, la protection des plus fragiles, notamment les personnes privées d'emploi.
La présente proposition de loi prend le contre-pied de certaines de vos réformes contre-productives renforçant les inégalités, clivant dangereusement notre société, desservant l'emploi et la croissance. Elle propose justement des mesures relatives à l'augmentation des salaires et à la protection des salariés et chômeurs. Les députés communistes, Verts, ultra-marins et du parti de gauche apportent donc leur soutien à cette initiative. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur de nombreux bancs du groupe SRC.)