Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 16 octobre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2008 — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Monsieur le président, j'attends toujours la réponse à la question que je vous ai posée tout à l'heure.

Mes chers collègues, je vais vous lire une citation. (« Ah ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Cela ne vous fera pas de mal ! « Ceux qui ont appris à échanger des mots ont moins envie de s'échanger des coups », écrit Régis Debray dans son dernier livre L'obscénité démocratique. Vous êtes autistes : vous n'entendez pas les souffrances dans notre pays. À force d'humilier les gens pour qui les fins de mois commencent au début, qui sont de plus en plus inquiets pour l'avenir de leurs enfants, qui ne savent pas ce qu'ils vont leur donner à manger le lendemain, vous les poussez à la révolte et vous mettez la démocratie en danger.

J'espère que vous ne serez pas complètement sourds au message qui sera délivré dans nos rues après-demain. Certains d'entre vous ne veulent pas l'entendre, ce en quoi ils ont tort, car le réveil sera brutal. N'oubliez pas que nous sommes, depuis des siècles, le pays des jacqueries et que celles-ci, en raison de l'injustice des politiques menées, refont surface périodiquement. Tout à l'heure, j'ai entendu Mme Lagarde, en réponse à une question, s'enorgueillir des baisses d'impôt. Mais à qui s'adressent-elles ? Aux privilégiés ! Mme la ministre ose s'enorgueillir de ce qu'on rend de l'argent à des gens qui ne savent pas où placer leurs sous, tellement ils sont riches ! (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) En Alsace, vous avez rendu en moyenne 46 903 euros à des gens qui étaient déjà « étoffés » ; à Paris, 91 554 euros ; dans le Limousin – on se demande pourquoi il y a tant de riches dans le Limousin ! – 91 673 euros ! Et je pourrais vous donner bien d'autres exemples. Oui, ceux auxquels vous consacrez toute votre énergie, ce sont ces privilégiés arrogants, qui piétinent les plus pauvres ! (Nouvelles exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Vos hurlements sont un hommage aux causes que nous défendons !

Votre régime, madame, monsieur les ministres, c'est celui des injustices, celui des fins de mois impossibles pour les petites gens, et de plus en plus pour les classes moyennes. Votre régime, c'est celui des Lagardère, Denis Gautier-Sauvagnac, Tapie, Léone Meyer, Cromback et consorts, qui ont les moyens d'offrir des vacances à ceux qui ont l'indignité de les accepter ! (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Qui, parmi nous, accepterait qu'on lui offre des vacances, alors que la moitié des Français n'a pas les moyens d'y aller ? (Mêmes mouvements.) Vous hurlez parce que vous ne voulez pas entendre la souffrance qui émane des entrailles de notre pays. Oui, c'est bien un régime de rupture, celle de nos institutions républicaines ! Quelle âpreté montrez-vous à défaire le tissu social de notre pays !

Maîtrise des dépenses, dites-vous. En réalité, vous tarissez les recettes et vous démantelez la cohésion sociale, en sacrifiant l'école, la santé et les retraites. Vous ne voulez pas garantir des conditions de vie dignes aux plus modestes. Les heures supplémentaires sont l'exemple parfait de l'hypocrisie d'État : comme l'a dit Didier Migaud, vous n'en avez pas prévu plus en 2008 ! Comment mieux dire que vous ne croyez pas à votre discours sur les heures supplémentaires ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion