Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Didier Migaud

Réunion du 16 octobre 2007 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2008

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Migaud, président de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan :

Ce projet de loi de finances vient après le vote en urgence, cet été, du « paquet fiscal », qui consiste pour l'essentiel en des baisses d'impôt massives, particulièrement ciblées sur un certain nombre de contribuables. Elles sont censées créer un « choc de confiance » pour provoquer un « choc de croissance ». Les interrogations sur l'efficacité de telles mesures sont nombreuses, j'y reviendrai, alors que nous connaissons un endettement record et un déficit persistant du budget et des comptes publics.

Se priver d'un tel montant de recettes, que vous avez vous-mêmes estimé, en régime de croisière, à 15 milliards d'euros et faire une pause dans l'amélioration de nos comptes publics pourrait se justifier à la condition que la croissance – le point en plus – soit au rendez-vous. Or votre projet de loi de finances est bâti sur une hypothèse de croissance de 2,25 %, inférieure à celle prévue dans le scénario bas de la programmation pluriannuelle des finances publiques depuis plusieurs années. Si choc il y a, madame la ministre, c'est surtout celui de l'inquiétude et de la perplexité. Ce scepticisme est encore renforcé du fait que votre scénario pour 2008 exclut pratiquement tout effet négatif de la crise financière partie cet été des États-Unis.

Ainsi lit-on, dans le rapport économique et financier, que « les canaux de propagation du ralentissement américain vers l'Union européenne semblent pour le moment peu actifs », et que « la zone euro apparaît bien placée pour absorber le ralentissement américain ». Or votre optimisme n'est pas partagé par beaucoup d'observateurs ni par beaucoup d'économistes, qui redoutent que la crise financière ne soit pas terminée et qu'elle ait des conséquences non seulement aux États-Unis, mais également en Europe, y compris en France. J'en veux pour preuve le débat que nous avons organisé à la commission des finances : au départ, les propos introductifs du gouverneur de la Banque de France, du président de l'Autorité des marchés financiers, des banquiers présents, étant plutôt optimistes, mais, dans un second temps, leurs analyses étant beaucoup plus nuancées, ils reconnaissaient eux-mêmes qu'il était vraisemblable que la crise financière aurait des répercussions sur le taux de croissance en Europe, plus particulièrement en France.

La France a des performances économiques qui sont en deçà de la moyenne des pays de la zone euro. Et pourtant, vous vous êtes succédé à vous-mêmes ! J'ai été quelque peu surpris, monsieur le ministre du budget et des comptes publics, de vous entendre commencer ce débat en disant que la France était confrontée à une situation de triple déficit – le terme est déjà plus faible que celui utilisé par le Premier ministre : la France « en faillite ». Mais en entendant « triple déficit », je me demandais : à qui ont-ils succédé ? Pourquoi sommes-nous dans cette situation de triple déficit ? Qui gouvernaient notre pays avant l'élection présidentielle ? En cherchant (Exclamations et sourires sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire), je me suis rendu compte que le gouvernement précédent comportait beaucoup de membres de l'UMP…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion