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Intervention de Michel Barnier

Réunion du 26 mars 2009 à 15h00
Bilan de santé de la politique agricole commune — Interventions des porte-parole des groupes

Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche :

Pourquoi le salon de l'agriculture, dont Christian Patria s'est occupé pendant tant d'années avec ténacité et compétence, a-t-il connu cette année un succès accru, recevant 670 000 visiteurs ? Parce que les Français y trouvent des racines, une identité, une authenticité dont ils ont besoin en cette période de crise : ils s'y retrouvent en même temps qu'ils y retrouvent leurs racines. En outre, cette manifestation prouve le dynamisme du secteur agricole – agro-alimentaire et agro-industriel : 5 000 emplois de techniciens sont aujourd'hui disponibles dans l'agro-industrie !

Ce succès ne doit donc rien au hasard, je le répète, et tout au travail des professionnels issus de ces filières, à leur capacité d'adaptation et à la politique publique – européenne et nationale – qui leur apporte des règles et un budget.

J'ai bien noté les utiles recommandations d'Antoine Herth sur la solidité de la corde, la nécessité d'un ravitaillement suffisant et les conditions météorologiques. C'est en ayant à l'esprit cette triple exigence que je chercherai à faire oeuvre de concertation au cours des semaines à venir. Vous l'avez dit, chacun doit prendre part au projet ; j'en suis d'accord, et je tiens à instaurer non des consensus mous, mais de véritables compromis dynamiques. Je n'oublie donc pas cette triple exigence lorsque je cherche à susciter l'accord le plus large possible, s'agissant notamment du plan d'accompagnement des mesures du bilan de santé.

Vous l'avez dit, la commission et le Parlement dont vous faites partie devront ensuite travailler sans tarder à la loi de modernisation annoncée par le chef de l'État, en étudiant par exemple le paiement contracyclique, le développement des assurances, l'organisation des filières interprofessionnelles, auxquelles je crois, ou, sans naïveté, l'organisation économique permettant de faire face, dans le monde qui est le nôtre, aux difficultés du commerce et aux exigences des consommateurs et de la société.

La politique propre à garantir une agriculture durable et une pêche durable, dont j'ai fait mon credo et que je me suis efforcé de traduire en actes, repose sur la priorité donnée à l'installation et au soutien des jeunes, car c'est le propre d'une agriculture durable que de se transmettre de génération en génération ; sur « Terre 2020 », qui exprime la nécessité de réagir, pour les agriculteurs eux-mêmes et pour la société, aux contraintes et aux exhortations relatives aux ressources, à l'espace, à l'ergonomie, à la consommation d'eau ou aux intrants ; mais aussi, monsieur Gaubert, sur les devoirs qui nous incombent vis-à-vis de la société d'autrefois, de ceux qui ont fait l'agriculture d'aujourd'hui, ces anciens qui ne sont pas toujours traités dignement.

Monsieur Gaubert, « social-libéral » ou « social-démocrate » ne sont que des mots ; le bio, le lait en montagne ou le sauvetage de l'élevage ovin ne relèvent pas du social, mais bien de l'économique : des milliers d'emplois sont concernés, dans des territoires fragiles.

J'ajoute que la Commission – dont je connais bien la ligne, laquelle suppose des décisions collégiales – propose, mais ne décide pas toujours en dernière instance ; j'en ai été témoin dans bien des domaines. En effet, le jeu de la majorité qualifiée permet de faire évoluer les positions au sein du Conseil et grâce à l'appui du Parlement européen.

Malheur à ceux qui ne bougent pas dans un monde où tout bouge, disais-je tout à l'heure ; malheur aussi à ceux qui sont seuls. Outre le défi alimentaire mondial que j'évoquais en répondant à Thierry Benoit, nous devons relever celui de la sécurité écologique et sanitaire, incarné par les pathogènes émergents qui surgissent partout et touchent des végétaux, des animaux, des humains – voyez la fièvre catharrale ovine. On ne peut affronter ces défis chacun chez soi et chacun pour soi ; voilà pourquoi, monsieur Chassaigne, il faut être, rester ou devenir européen. Il ne s'agit pas d'adhérer à n'importe quelle Europe ; mais, face aux défis que nous avons évoqués cet après-midi, il ne faut pas être seul et il faut savoir évoluer. Nous devons donc rester dans l'Union européenne, car la bonne réponse sera européenne.

Je n'oublie pas l'outre-mer, monsieur Fruteau, auquel vous savez combien je suis attaché – je le montrerai au cours des années à venir. Je n'oublie pas davantage la pêche, dont j'ai été le ministre pendant deux ans, ce dont je suis fier, car les pêcheurs, comme les paysans, méritent le respect : leurs conditions de travail sont les plus difficiles et les plus dangereuses qui soient ; vingt marins pêcheurs perdent chaque année la vie. Voilà pourquoi j'ai bâti un plan pour une pêche durable et responsable, qui encadre notre travail et permet d'éclairer l'horizon.

Je suis très sensible aux propos qu'ont tenus MM. Gaubert et Chassaigne au nom de l'opposition parlementaire – une fois n'est pas coutume –, ainsi qu'à la confiance amicale et active que vous m'avez témoignée tout à l'heure, monsieur Ollier, comme Antoine Herth au nom du groupe UMP et Thierry Benoit pour le Nouveau centre. Même si nous aurons quelques occasions de nous retrouver au cours des semaines qui viennent, lors des questions au Gouvernement ou en commission, le moment approche où je passerai le relais. La continuité de l'action gouvernementale sera assurée. De nombreux chantiers sont en cours ; je serai pleinement ministre jusqu'au bout.

J'ai été personnellement touché et ému de l'appréciation que vous avez portée sur l'action que j'ai eu l'honneur de conduire – car ce fut pour moi un honneur d'être ministre de l'agriculture et de la pêche durant ces deux années. Je vous en remercie. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

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