Monsieur le ministre, il n'est pas choquant qu'à l'occasion du bilan de santé de la PAC on transfère une partie des soutiens aux productions végétales vers certaines productions animales dites fragiles ; c'est même normal. Ce qui est choquant, en revanche, c'est la brutalité avec laquelle ces décisions sont exécutées.
Il faut procéder de manière progressive, de sorte que chacun adapte son exploitation à cette inévitable baisse des aides. Ce rééquilibrage, du reste accepté par tout le monde, doit être étalé dans le temps et le prélèvement rester modéré et progressif.
Pour bon nombre d'exploitations céréalières ou mixtes – polyculture-élevage, le plus souvent polyculture-élevage bovin – situées pour l'essentiel dans le Nord, dans le grand Nord-Est ou bien dans le Centre, on arrive à 22 % de prélèvements en additionnant le rééquilibrage des aides et la modulation supplémentaire.
En répondant à Rémi Delatte, monsieur le ministre, vous avez affirmé que l'impact de la baisse des aides correspond à 10 euros par tonne. Pouvez-vous nous préciser comment vous parvenez à ce chiffre ?
L'ensemble de ces mesures peut se traduire par une baisse de revenu allant jusqu'à 30 %. Ce n'est pas économiquement supportable, et un grand nombre d'exploitations vont se trouver dans des situations financières sans issue. Le mythe des grandes cultures générant de confortables revenus a vécu. Les jeunes qui viennent de s'installer et qui sont endettés ne pourront remplir leurs engagements vis-à-vis de leurs banques.
Vous tablez, monsieur le ministre, sur une hausse du prix des céréales. Avec tout le respect que je vous dois, cette hypothèse me paraît très hasardeuse car personne n'est capable de savoir quel sera le niveau des prix dans les années à venir. Et si, par hasard – j'espère me tromper –, les cours baissaient, que deviendraient les exploitations céréalières ?
Il convient donc de prendre des mesures pour éviter de mettre en difficulté bon nombre d'exploitations céréalières ou mixtes. Le rééquilibrage implique un lissage dans le temps pour permettre aux agriculteurs de s'adapter. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)