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Intervention de Michel Barnier

Réunion du 26 mars 2009 à 15h00
Bilan de santé de la politique agricole commune — Débat d'initiative parlementaire

Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche :

En tout état de cause, son approche devra être renouvelée, notamment pour prendre en compte la sécurité sanitaire des produits importés, en veillant à ce que ceux-ci respectent les mêmes normes que celles que nous imposons à nos propres producteurs, et ce afin de protéger les consommateurs.

Deuxième orientation : la gestion des marchés doit davantage responsabiliser les agriculteurs et les filières. Ma conviction, vous la connaissez : les marchés seuls ne peuvent pas gouverner l'agriculture mondiale et européenne. Je ne crois pas à la seule loi du marché pour ce qui concerne l'agriculture et l'alimentation. Le Président de la République a demandé la création, avant la fin de l'année, d'un groupe international de scientifiques, sur le modèle du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, pour établir un diagnostic sur le fonctionnement des marchés de matières premières agricoles et sur l'évolution de la sécurité alimentaire.

Troisième orientation : l'organisation de nos filières doit être améliorée pour gagner de la valeur et de l'efficacité commerciale sur des marchés plus ouverts et plus concurrentiels.

Tel est le travail auquel le Gouvernement et le Parlement vont s'atteler afin d'adapter notre cadre législatif national et de nous doter d'outils qui nous permettront d'être beaucoup plus réactifs dans un environnement très volatil. Notre responsabilité était de ne pas subir et d'anticiper.

En conclusion de cette intervention qui sera peut-être, pour moi, l'une des dernières en tant que ministre de l'agriculture et de la pêche, je veux vous dire qu'il y a deux ans, lorsque j'ai pris mes fonctions dans ce ministère – et c'est un grand honneur de le diriger, ainsi que je l'ai exprimé ce matin devant ses cadres –, je m'étais fixé quelques objectifs.

Ce ministère doit sans cesse gérer des crises ; Pierre Méhaignerie et Jean-Pierre Soisson pourraient en témoigner. Or, derrière ces crises, il y a des hommes et des femmes qui souffrent. Il nous faut être à leurs côtés, et c'est pourquoi j'ai souhaité bâtir un système d'assurance et de prévention.

Par ailleurs, j'ai tenté de tracer quatre lignes d'horizon, de manière à mettre en perspective le travail des agriculteurs, des viticulteurs, des éleveurs et des pêcheurs. J'ai tout d'abord voulu faire en sorte que la politique agricole commune soit plus juste et mieux équilibrée, afin qu'elle ait davantage de chance de perdurer après 2013.

J'ai ensuite souhaité, parce que c'est ma conviction, encourager le développement durable. Les agriculteurs n'ont attendu ni Jean-Louis Borloo ni Michel Barnier pour s'engager dans cette voie, mais le Grenelle de l'environnement nous a permis de donner une impulsion en faveur de ce nouveau modèle de développement agricole durable.

J'ai également voulu bâtir une grande politique de l'alimentation, et je prends le risque d'exprimer devant vous le voeu que mon successeur porte le titre de ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche. En tout cas, le ministère a été réorganisé à cette fin.

Enfin, il m'a paru important d'insister sur la solidarité internationale. L'Europe n'est pas une forteresse, même si elle doit se protéger. Nous ne pouvons pas ignorer ce qui se passe dans le reste du monde, où 900 millions d'êtres humains sont en train de mourir de faim, faute de bénéficier de productions agricoles vivrières nationales. J'ai donc formulé des propositions très claires, s'agissant, par exemple, d'Haïti, où je me suis rendu il y a trois semaines, ou de l'Afrique, afin d'aider ces pays à reconstruire ensemble, en les mutualisant sur des bases régionales, leurs productions agricoles, leur protection et la gestion des risques.

De tels objectifs exigeaient que le ministère soit rénové ; c'est ce à quoi je me suis attaché. Ce matin, lorsque j'ai réuni l'ensemble des directeurs départementaux et régionaux du ministère pour les remercier, j'ai été très touché de l'accueil qu'ils m'ont réservé. Je pense qu'ils ont bien compris quelle était la morale de l'action que j'ai menée pour bâtir un grand ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche, au service des objectifs que je viens de rappeler devant vous. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP, NC et SRC.)

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