Quand comprendra-t-on que l'on ne peut pas mener deux politiques contradictoires ? Soit le Président de la République accepte la politique européenne qui a été décidée depuis des années et continue dans cette voie, et la politique nationale qu'il vient d'annoncer ne sera alors pas valable et finira dans le mur ; soit le Président de la République mène cette politique nationale – je ne pourrais que m'en réjouir comme je me réjouis de certains passages de son discours – mais, en ce cas, il faudra bien qu'à un moment ou un autre, on en arrive à l'instant de vérité à Bruxelles, notamment avec nos amis allemands.
Pour conclure, je note que le Président a également prononcé de belles paroles sur la nécessaire cohésion sociale et nationale. Sans cette cohésion républicaine, il n'y aura pas d'adhésion aux réformes et à l'effort, nous le savons tous. La France ne s'en sortira que lorsque les Français en auront conscience et le voudront vraiment. Mais ils ne le voudront vraiment que quand ils seront convaincus que le chemin qu'on leur propose est efficace et juste.
Un chemin efficace implique que les actes suivent les discours. À cet égard, je souhaite bon courage à M. le Premier ministre pour concilier le développement et le renforcement de la sécurité avec la disette d'effectifs dans nos banlieues et le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Je souhaite bon courage à M. le Premier ministre pour renforcer la justice dans notre pays tout en acceptant des lois qui supprimeraient les peines de prison pour les délinquants condamnés à des peines inférieures à deux ans. Je souhaite bon courage à M. le Premier ministre pour interdire la burka en France : même si j'adhère totalement à cette idée, comment interdire la burka durablement si on ne maîtrise pas nos frontières, si on continue à adhérer à cette politique européenne des frontières ouvertes qui explique notre incapacité à maîtriser l'immigration ?
Les Français n'adhéreront au chemin proposé que s'il est juste, ce qui suppose des réformes conformes à nos valeurs républicaines et à notre histoire nationale. Comment, sinon, demander aux salariés de se serrer la ceinture ? Or il faudra se serrer la ceinture, comme il faudra un jour augmenter les impôts – bien avant 2012 en raison de la catastrophe financière qui approche. Comment demander aux fonctionnaires de changer leur façon de travailler si on ne suspend pas le bouclier fiscal, si on ne plafonne pas la rémunération des grands patrons, si on ne diminue pas – et pourquoi pas ? – les indemnités des élus ?