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Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du 22 juin 2009 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Pour autant, fallait-il refuser de participer à cette séance ? Je ne le crois pas. Car, au moment où les Français s'inquiètent, à juste titre, pour leur avenir, c'est bien la moindre des choses pour chaque force politique de proposer un chemin pour notre pays. À cet égard, la dérobade du parti socialiste n'est pas glorieuse.

En effet, la France est embourbée dans la pire crise économique et sociale de son histoire récente. J'espérais d'ailleurs que le Président de la République s'adresserait à nous pour prononcer un discours de vérité sur la gravité de cette crise et sur ses causes réelles, une crise dont l'origine n'est pas seulement américaine, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire.

L'hémorragie des emplois industriels dans toutes nos régions, l'explosion du déficit du commerce extérieur, l'aggravation en chaîne des déficits publics et sociaux, s'expliquent par l'effondrement de notre compétitivité liée autant à nos faiblesses nationales, l'excès des charges qui pèsent sur les entreprises qu'à la politique européenne suicidaire de l'euro trop cher et du libre-échange intégral.

J'attendais un discours de vérité sur le remède de cheval indispensable pour s'attaquer enfin aux racines du mal, mal à la fois national et européen.

Certes, le Président de la République a prononcé de belles paroles sur le modèle républicain. Comment ne pas partager non plus son analyse de la mondialisation ? Comment ne pas adhérer à cette idée que la rigueur bête et méchante est une impasse et qu'il faut investir massivement dans les secteurs d'avenir pour préparer le XXIe siècle ?

Mais alors, pourquoi le Président de la République ne va-t-il pas au bout de sa logique ? Car ce ne sont pas les réformes annoncées, comme celle des collectivités locales ou encore celle des retraites, qui vont nous armer suffisamment dans la guerre économique mondiale que nous sommes en train de perdre.

Le Président s'est inquiété de voir une France sans usines. Mais pourquoi se refuse-t-il alors à changer sa politique européenne ? Pourquoi a-t-il signé le traité de Lisbonne, qui fait perdre à notre pays le droit de veto sur les questions commerciales internationales qui sont décisives, alors même que, sur les vingt-sept pays, nous sommes totalement minoritaires dans notre volonté de réguler la mondialisation ?

Comment peut-on prononcer ici un discours de régulation de la mondialisation et se mettre en minorité, à Bruxelles, sur des politiques qui dérégulent dans tous les domaines encore plus ?

Cette contradiction majeure entre la politique nationale et la politique européenne, le Président l'a implicitement reconnue puisqu'il a intelligemment commencé son discours en disant : « J'ai déjà parlé de l'Europe, je parle aujourd'hui de la France. » Il a même dit, à la fin de son intervention, qu'il faudra, bien sûr, revoir la politique européenne. Mais comment pourra-t-il procéder à cette révision alors même que la France s'est, au fil du temps, lié les mains par des traités qui l'ont privée de la maîtrise de son destin, et qui le conduisent donc à prononcer des discours déconnectés de la réalité ? Pourquoi accepte-t-il cette gestion suicidaire de l'euro qu'il avait contestée, à juste raison, dans ses grands discours de campagne avant 2007 ? Dans un contexte de libre-échange déloyal, rien ne pourra se faire avec une monnaie surévaluée qui nous asphyxie ! Nous le payons cher et, dans toutes vos régions, vous voyez sans cesse des entreprises fermer. L'Angleterre, les États-Unis et la Chine, qui ont dévalué massivement, ont bien compris cette impossibilité. (Exclamations sur plusieurs bancs.)

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