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Intervention de Jean-François Copé

Réunion du 22 juin 2009 à 15h00
Débat sur la déclaration du président de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Copé :

Mes chers collègues, je sais que c'est un sujet difficile et je suis heureux d'entendre à nouveau des applaudissements. Cela représentera l'heure de vérité pour nous : à ceux que l'on entend si souvent dire que les parlementaires français sont conservateurs, nous pourrons faire la démonstration grâce à cela que nous sommes bien dans le camp de la réforme, du mouvement et du courage politique. (Applaudissements.)

Enfin, je veux vous dire qu'absorber le stock de dettes ne doit pas se faire n'importe comment. Il faut réduire les dépenses inutiles, c'est ma conviction profonde, et pas seulement du fait de mon passage passionné au ministère du budget, à Bercy. Ce serait folie que de tenter de nouvelles expériences d'augmentation des prélèvements obligatoires, ces fameuses formules qui cassent la croissance net au moment où l'on doit chercher partout l'énergie de ceux qui veulent prendre des risques, de ceux qui s'engagent, de ceux qui investissent, de ceux qui embauchent.

En revanche, s'ouvre à nous une perspective fantastique : nos atouts de croissance. Sur ce point, je voudrais vous rendre attentifs à un sujet qui me tient profondément à coeur. Parce que cette crise est inédite, parce qu'elle n'a rien à voir avec l'éclatement de la bulle internet, il y a huit ans, ou celui de la bulle immobilière, il y a quinze ans, des investisseurs du monde entier seront à la recherche des continents et des pays les plus attractifs. Ces pays seront ceux où l'on se loge le mieux, où l'on se nourrit mieux, où l'on soigne et où l'on éduque le mieux les enfants, où l'on a les meilleurs services publics, les meilleures infrastructures, la meilleure eau, le meilleur air, les meilleures économies d'énergie, cher Jean-Louis Borloo. Vous l'aurez compris : nous avons de quoi de prendre des options majeures pour faire de notre pays, la France, de notre continent, l'Europe, des terres parmi les plus compétitives du monde de l'après-crise. À nous d'aller de l'avant ! La crise alimentaire constitue un bel exemple. On entend ici ou là des partisans de la dérégulation de la PAC : folie que tout cela ! Nous savons qu'elle constitue au contraire un enjeu majeur pour l'indépendance alimentaire de notre continent à l'heure où les Américains se protègent, où les Chinois achètent des milliers d'hectares. De la même manière, dans le domaine de la santé, nous avons une expérience et un savoir-faire exceptionnels. Ne voyons pas simplement la réforme de l'assurance maladie comme un combat commencé le jour où le Doliprane a cessé d'être remboursé, pensons plutôt qu'il faut aller bien plus loin et chercher à travers la télémédecine et les recherches scientifiques de formidables outils pour demain.

J'en viens, mes chers collègues, à mon dernier point, que je considère comme majeur. Nous avons de grandes forces, mais nous avons sans doute aussi une faiblesse. Cette faiblesse réside dans ce que les sportifs appellent notre mental, cet « aquoibonisme » si souvent partagé en France par celles et ceux qui pensent que, dans notre pays, il est trop tard et qu'on n'arrivera plus à rien, cet « aquoibonisme » que nous constatons si souvent lorsque nous parlons avec nos compatriotes. Mes chers collègues, la question de l'identité française sera au coeur des dix prochaines années. Il s'agit pour nous de réfléchir à une France rassemblée dans un pays où les gens sur un même palier, dans un même quartier, ne se parlent plus, ne s'écoutent plus, ne se respectent plus simplement parce qu'ils ne se connaissent plus, parce qu'ils ne savent pas quelle est la religion de l'autre, quelle est sa culture ou son histoire, un pays qui n'assume ni l'histoire de la colonisation ni celle de la décolonisation, un pays où l'on a peur les uns des autres parce que pendant trop longtemps on a laissé la nation se fissurer en silence.

L'épisode de la burka en est une nouvelle illustration. Nous avons les uns et les autres des dizaines d'exemples à rapporter que ne relate plus le journal de vingt heures depuis bien longtemps et qui montrent pourtant la souffrance intime de tant de nos compatriotes qui pensent que pour eux, parce qu'ils sont issus de l'immigration récente, parce qu'ils n'ont pas la même couleur de peau ou le même prénom que les autres, la vie sera plus dure que pour les autres.

Voilà le rendez-vous que nous devons honorer : réfléchir ensemble à ce que cela veut dire d'être Français pour préparer l'après-crise et élaborer ensemble un gigantesque projet de société porté par l'ambition d'une nation rassemblée.

Voilà ce que j'ai entendu dans le discours du Président de la République, mes chers collègues. Je veux vous dire qu'à travers tout cela nous est donnée une fantastique invitation à agir, à prendre nos responsabilités, nous parlementaires investis de ces nouvelles compétences, désormais autorisés à fabriquer nous-mêmes des lois, à coproduire les réformes avec le Gouvernement, afin de faire demain du mandat de député autre chose que ce qu'il est aujourd'hui.

Nous considérons tous ces rendez-vous comme autant de moments fantastiques à venir.

Une main nous est tendue. Je veux vous dire ici, mesdames, messieurs les députés, et je le dirai à chaque fois que je le pourrai à nos homologues de l'opposition, qu'il est des sujets sur lesquels nous pouvons travailler ensemble parce que nous le faisons au nom d'une République qui a besoin d'être rassemblée et que c'est dans ces moments-là qu'elle a des raisons d'être le plus fière d'elle-même. (Vifs applaudissements.)

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