L'objectif affiché par votre texte, madame la ministre – et qui, à mes yeux, ne peut qu'être partagé –, est de réduire les inégalités d'accès aux soins sur le territoire, inégalités qu'a pointées du doigt le rapport de la mission d'information sur l'offre de soins, à laquelle j'ai participé avec beaucoup d'intérêt.
Ce qui importe aujourd'hui, ce qui est de notre responsabilité, c'est d'apporter des réponses concrètes et de nature à inverser cette tendance.
J'ai réuni des médecins généralistes de ma circonscription. Dans plusieurs secteurs géographiques, près de 30 % d'entre eux, parfois 50 %, seront amenés à faire valoir leurs droits à la retraite dans un délai d'à peine cinq ans. Nous ne pouvons donc plus attendre et devons agir à deux niveaux, dès la formation universitaire et au moment où intervient la décision d'installation ou, plutôt, le choix du lieu d'exercice.
S'agissant de la formation universitaire, la médecine générale, qui est une spécialité, doit être reconnue comme telle. Elle doit profiter d'enseignants reconnus et les étudiants doivent pouvoir faire des stages leur permettant de découvrir l'exercice de la médecine générale, en particulier en milieu rural, auprès de médecins expérimentés, motivés, formés pour les accueillir et, bien sûr, indemnisés. À n'en pas douter, les stages en situation et, demain, les remplacements tutorés peuvent inciter des étudiants à s'installer en milieu rural, très souvent sous-doté.
En ce qui concerne le choix du lieu d'installation, nous sommes confrontés à l'éternel débat sur la pertinence de mesures incitatives ou contraignantes. Ma préférence va à des mesures incitatives de nature à orienter le choix des étudiants vers les zones sous-dotées : octroi de bourses, projets de maisons pluridisciplinaires ou de maisons de garde, autant d'initiatives que vous proposez et qui sont susceptibles d'améliorer les conditions de travail des jeunes médecins et de rendre moins contraignant l'exercice de la médecine générale, car il s'agit davantage – ne l'oublions pas – d'une question de conditions de travail que d'une question de revenus.
Des mesures contraignantes, d'un autre côté, pourraient se révéler contre-productives, si elles détournaient de l'exercice de la médecine générale des étudiants déjà trop peu nombreux.
Cependant, compte tenu de l'urgence et de l'enjeu que représente le renouvellement des médecins généralistes, j'insiste sur le fait que ces mesures incitatives devront faire l'objet d'une évaluation sans concession, permettant de s'assurer de leur pertinence. S'il s'avérait qu'elles sont inefficaces ou pas assez efficaces pour repousser le spectre de la désertification, il faudra alors, comme l'ont indiqué plusieurs collègues, se résoudre à faire le choix de mesures plus contraignantes, visant en particulier à encadrer l'installation dans les zones surdotées.
Mes chers collègues, nous avons une obligation de résultat. Nos concitoyens, les habitants des territoires déjà sous-dotés, leurs élus, légitimement inquiets, attendent que nous prenions des mesures concrètes et efficaces. De l'égalité d'accès aux soins – et j'aurais pu étendre mon propos à de nombreuses spécialités – dépend l'attractivité de ces territoires, en particulier des territoires ruraux et de moyenne montagne.
Qu'il me soit permis de rappeler, madame la ministre, que l'égalité d'accès aux soins, qui repose sur la proximité de l'offre de soins, doit être appréhendée en termes de délais de déplacement. Vous le savez, c'est l'une des préoccupations des élus de la montagne, que vous avez bien voulu recevoir récemment, ce dont je vous remercie.