J'ignore où est en ce moment Mme Lagarde, dont j'ai naturellement beaucoup apprécié la présence parmi nous cet après-midi, mais je ne pense pas qu'elle soit à la gare du Nord. Peut-être s'est-elle rendue, en dépit de l'heure tardive, dans une entreprise, pour expliquer aux salariés en quoi le dispositif qu'elle a fait adopter – on se souvient dans quelle urgence et quelle précipitation – est un bon dispositif ; à moins qu'elle ne tente de comprendre pourquoi, malgré toutes les qualités qu'elle lui prête, il ne donne pas les résultats qu'elle en attendait.
Quant à la confiance, où est-elle ? Elle ne semble pas en tout cas avoir été placée en Mme Lagarde, en dépit de sa présence au banc du Gouvernement, dont je me suis félicité. Nous avons pu constater en effet qu'elle était en réalité dessaisie, au moins en partie, de ce texte, puisque c'est vous, monsieur Bertrand, qui en assumez la paternité politique au nom du Gouvernement, du moins dans cette enceinte.
Quant à la croissance, où avez-vous vu qu'elle soit de retour, mes chers collègues ? On nous annonçait pour cette année une croissance d'au moins 2 % : elle sera de 1,9 dans le meilleur des cas, et plus probablement de 1,8. En tous les cas, elle sera en deçà de ce qu'on nous avait annoncé, garanti, encore tout dernièrement, et elle sera bien moindre encore l'année prochaine : lapsus ou révélation soudaine, Mme Lagarde nous a indiqué tout à l'heure qu'il ne fallait pas compter sur les 2,25 % de croissance attendus pour l'année 2008. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
Ni confiance, ni croissance, ni retour des émigrés fiscaux – cela se saurait – pour notre pays, dont vous devez reconnaître qu'il n'est pas dans une situation favorable : ce texte a eu pour seule conséquence la création d'un « Monsieur heures supplémentaires ». Il est difficile d'y voir le signe que le dispositif qui a été adopté est simple, facilement compréhensible et d'application immédiate. C'est même la preuve de l'inverse, quand un gouvernement juge nécessaire d'envoyer des missi dominici expliquer à celles et ceux qui manifestement ne comprennent pas ce qu'on souhaite qu'ils comprennent en quoi ils se trompent, et ce qu'ils devraient comprendre.
Mais il semble que malgré cela le dispositif ne fonctionne pas très bien. J'en veux pour preuve la déclaration faite aujourd'hui par Mme Laurence Parisot, qu'on ne peut quand même pas suspecter de faire preuve d'une opposition virulente à votre égard, elle qui, au contraire, ne vous a jamais mesuré son soutien. Elle a pourtant déclaré que le dispositif des heures supplémentaires voté cet été ne fonctionnait pas en raison d'une complexité excessive, au mieux décourageante, au pire totalement incompréhensible pour les chefs d'entreprise.