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Intervention de Patrick Roy

Réunion du 31 octobre 2008 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2009 — Article 51

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Roy :

Cela a visiblement échappé aux députés de la majorité, mais vous donnez toujours l'impression d'accomplir de vraies avancées sociales alors qu'en fait, quand on y regarde de près, on s'aperçoit qu'il n'y a que de timides progrès, sur de petits sujets. Tout cela masque évidemment des régressions beaucoup plus importantes.

L'article 51 en est une preuve puisqu'il ne vous a pas échappé que les droits que vous allez donner ne concerneront que les personnes âgées isolées, ce qui permettra de ne pas évoquer l'ensemble des retraités, lesquels, vous le savez, ont vu leur pouvoir d'achat diminuer en 2008. J'insiste là-dessus parce que cela me met dans une grande colère quand le Gouvernement nie cette réalité. Certes, si le pouvoir d'achat diminue pour les retraités touchant 5 000 euros ou plus par mois, cela ne concerne que des dépenses à la marge, non indispensables. Mais, à chaque repas d'aînés auquel je participe – une trentaine depuis un mois –, je demande aux convives qui gagnent plus de 5 000 euros : je ne vois pas un seul bras se lever ! En fait, tous les retraités que je rencontre ont des pensions qui, pour certaines, sont au niveau du minimum vieillesse, et, pour d'autres, dans les 1 000 euros. Cela veut dire que la baisse du pouvoir d'achat, pour eux, affecte d'abord les dépenses élémentaires, obligatoires, c'est-à-dire les dépenses de nourriture, d'énergie, de chauffage, et que c'est leur vie quotidienne qui est mise à mal. Tout cela par la faute du Gouvernement, qui a fait le choix de continuer à privilégier les gens les plus riches. Pour preuve, votre timidité à taxer les parachutes dorés ou les stock-options.

Ce mensonge du Gouvernement sur le pouvoir d'achat des retraites est insupportable. Je peux vous dire que je le clamerai partout où j'irai, y compris dans cet hémicycle durant les heures qui viennent. Vous essaierez sans doute de me faire taire en me renvoyant à Zola ou à Germinal. Mais telle est bien la réalité, aujourd'hui, en France.

Puis, monsieur le ministre, vous allez nous parler de l'emploi des seniors, thème abordé avec grand talent par M. Mallot. Je m'inquiète : votre vision de l'avenir s'inspire-t-elle des États-Unis ou du Japon, pays où les retraités perçoivent de si maigres pensions qu'ils sont obligés de continuer à travailler ? L'an dernier, lors d'un séjour aux USA, j'ai été stupéfait de voir des gens de soixante-dix ou soixante-quinze ans faire des travaux souvent manuels pour arrondir leurs fins de mois et vivre dignement. Est-ce cela que vous préparez pour la France ? Je le crains.

Dans ma circonscription, qui n'est ni Chantilly ni Neuilly mais une ville sinistrée, les gens me demandent : « Qu'est-ce qu'ils vous disent à Paris ? » Je réponds : « Ils me disent que tout va bien, que c'est formidable et que je suis un menteur ». Je vous garantis que cela produit son effet, qu'ils sont extrêmement en colère et que je m'associe à leur colère.

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