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Intervention de Michèle Alliot-Marie

Réunion du 23 juin 2009 à 21h30
Lutte contre les violences de groupes — Question préalable

Michèle Alliot-Marie, ministre d'état, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés :

Monsieur Pupponi, pour avoir eu l'occasion d'en parler à de nombreuses reprises avec vous, notamment sur le terrain, je sais que vous connaissez bien les phénomènes de bande contre lesquels la proposition de loi a pour objet de lutter. Ces phénomènes existent depuis bien plus de vingt-cinq ans : on les voit apparaître puis disparaître, mais ils sont récurrents.

Cela dit, les problèmes de violence sont, eux aussi, relativement anciens, même s'ils ne se manifestent pas de façon régulière. Alors que j'étais ministre de la jeunesse et des sports, en 1995, il existait des bandes de skinheads qui n'avaient pas grand-chose à envier aux bandes actuelles.

Nous devons être très vigilants sur ce sujet, car les actes violents sont évidemment susceptibles de causer des drames humains. Puisque cela n'a pas été dit ce soir, je veux souligner que nous assistons actuellement à une montée de la violence dans l'ensemble de l'Europe. Ainsi, les tirs d'armes à feu sur les policiers ont tendance à se multiplier, notamment en Grèce, où l'on a récemment déploré un mort, de même qu'en Allemagne et en Grande-Bretagne. S'il ne faut pas y voir une raison de ne rien faire dans notre pays, cela doit nous aider à prendre la mesure du phénomène.

En ce qui concerne Villiers-le-Bel, je rappelle que je m'étais rendue dès le lendemain du drame dans la famille du jeune décédé. J'avais, en cette occasion, pris conscience des risques d'embrasement de la cité. Après une période d'accalmie, nous sommes à nouveau confrontés, depuis quelque temps, à de nombreuses attaques contre les forces de police. J'ai lancé les GIR dans Villiers-le-Bel afin de lutter, dans le cadre d'une action globale, contre les trafics de drogue et les bandes qui s'adonnent à ces trafics ou les protègent. Comme je le disais tout à l'heure, la question de la sécurité ne se résume pas à ce texte : la sécurité est une chaîne dans laquelle chacun à son rôle à jouer. C'est pourquoi, si j'ai souhaité que la police puisse intervenir sous toutes ses formes, notamment les UTEQ et les compagnies de sécurisation, j'ai bien conscience qu'elle ne réglera pas le problème à elle seule. Nous avons également besoin des maires pour mener un certain nombre d'actions, le cas échéant avec l'aide de la DSU et de la DDU ; nous comptons également sur l'éducation nationale, sur l'ensemble des associations et, bien entendu, sur la justice.

Le problème est de donner à tous ces intervenants les moyens de poursuivre leur action. Or, en l'état actuel du droit, nous n'avons pas les moyens d'être efficaces contre les bandes, notamment de les empêcher d'agir lorsqu'elles commencent à se rassembler. À quoi sert-il de repérer, grâce au réseau de caméras installé dans le RER, les petits groupes qui se réunissent, si nous n'avons pas les moyens d'intervenir avant qu'ils n'agissent ? Certes, nous pouvons agir une fois que la violence a été commise, mais il serait préférable de pouvoir intervenir avant qu'elle n'ait lieu. La violence peut être empêchée de deux façons : très en amont, ou juste avant qu'elle ne soit commise. Après, c'est trop tard, et comme vous, monsieur Pupponi, nous avons conscience que cela peut se traduire par le drame d'un enfant assassiné par d'autres jeunes. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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