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Intervention de Christine Lagarde

Réunion du 8 octobre 2008 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la crise financière et bancaire et débat sur cette déclaration

Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi :

Monsieur le député Mariton, je répondrai précisément à vos cinq points.

Vous avez évoqué la spéculation boursière. Nous avons demandé à l'Autorité des marchés financiers, voici maintenant une dizaine de jours, de prendre une mesure très ferme pour interdire tout ce que l'on appelle « les ventes à découvert ». L'Autorité des marchés financiers l'a mise en oeuvre d'une façon qui lui paraît suffisante pour éviter tous les mouvements spéculatifs à la baisse qui ont été à l'origine d'une série de catastrophes boursières, notamment aux États-Unis. L'AMF est extrêmement vigilante. Si cette mesure ne suffit pas dans son ampleur, elle ira au-delà. Les ventes à découvert – qui consistent à revendre des titres dont on ne dispose pas, en espérant qu'entre-temps ils baisseront – sont interdites.

Vous m'avez interrogée sur la transparence des banques. Il est évident que les banques doivent être transparentes dans leur bilan, dans l'indication de leur exposition au risque. Le Forum de stabilité financière, l'Eurogroupe, L'ECOFIN et le Gouvernement français se sont associés pour faire cette demande. Lors de la dernière réunion des gouverneurs des banques centrales qui s'est tenue en présence des ministres de l'économie et des finances de l'Union européenne, nous leur avons demandé où en étaient leurs vérifications en matière de transparence. Aujourd'hui, 80 % des banques européennes ont fait toute la transparence sur les risques qui figurent sur leur bilan. Nous avons demandé à ce que les 20 % de banques restantes s'y conforment et à ce qu'il nous en soit rendu compte lors de la prochaine réunion qui rassemblera les gouverneurs des banques centrales européennes et les ministres de l'économie et des finances.

S'agissant du système bancaire français, nous enregistrons un total de pertes et provisions de 20 milliards d'euros, ce qui constitue à peu près 10 % du montant total des fonds propres des banques françaises, qu'elles ont déjà en grande partie reconstitués. Donc, je le répète ici : la structure des bilans des banques françaises, est solide et leurs fonds propres sont au-delà des rations minima prévus par les textes.

Vous m'avez interrogée sur les initiatives européennes. Toutes les initiatives que nous prenons actuellement, qu'il s'agisse de mieux organiser la coordination entre les superviseurs, qu'il s'agisse d'exiger l'enregistrement européen des agences de notation et la transparence des acteurs bancaires, sont des initiatives européennes. Nous devons, bien entendu, continuer impérativement à travailler de manière concertée et coordonnée. À cet égard, la mesure prise ce matin par l'Espagne consistant à sortir des bilans des banques pour 30 milliards de crédits immobiliers et à les mettre à l'actif d'une société dont les actionnaires sont les banques est conforme aux engagements que les Européens ont pris hier. Par ailleurs, toute mesure qui tendrait, par exemple, à apporter une garantie doit être prise au niveau « intra-Eurogroupe ». Nous ne devons pas de nouveau fragmenter la zone euro. Il est impératif que nous ayons cette coordination sur le plan européen.

Il faut avoir confiance dans l'État. Je vous le redis, monsieur le député Mariton, de conserve avec Éric Woerth, il n'est pas question de laisser filer les déficits que nous devons maîtriser et surtout réduire. Nous devons maîtriser la dépense publique. Les efforts entrepris par Éric Woerth, dans le cadre de la préparation du budget, doivent se poursuivre. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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