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Intervention de Chantal Brunel

Réunion du 15 juillet 2009 à 21h30
Formation professionnelle tout au long de la vie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChantal Brunel :

En ce qui concerne l'AFPA, dont on a beaucoup parlé, il y a sans doute des économies de gestion à réaliser. Il existe des placards dorés – de droite et de gauche – et les syndicats de l'AFPA que j'ai reçus demandent des efforts de gestion de leur organisme. Je ne doute pas que le Gouvernement tienne le professionnalisme de l'AFPA en grande estime.

L'effort placé en priorité sur l'insertion des travailleurs les moins qualifiés était une nécessité. La mise en place d'une période de professionnalisation, ainsi que la revalorisation des contrats effectués en alternance, garantissent le développement de compétences tant pour ceux qui, éloignés de l'emploi, doivent réinsérer le marché du travail, que pour ceux qui, au sein d'une entreprise, souhaitent y évoluer.

J'estime, monsieur le secrétaire d'État, que nous devons aller plus loin que le texte dans l'adéquation entre les offres de formation existantes et les besoins en personnel des entreprises. Aujourd'hui, nous avons trop de spécialistes de la communication et pas assez d'ingénieurs calés en Internet, trop de psychologues – on en forme autant que l'Europe tout entière – et pas assez d'infirmiers. Dans ma circonscription, à Marne-la-Vallée, où les imprimeries ont fermé, où les entreprises de logistique sont nombreuses, où la demande en langues étrangères est forte à cause de la présence d'Euro Disney, les formations en infographie et en logistique manquent cruellement – 25 places offertes en formation pour 250 demandes. On observe le même phénomène en ce qui concerne les formations FIMO ou FCOS pour les chauffeurs de poids lourds. Quant aux formations courtes d'anglais, elles ont tout simplement été supprimées par la région.

Si ce projet de loi prévoit la mise en place d'observatoires des besoins qui transmettront leurs conclusions aux OPCA, il est impératif que l'offre de formation, à travers le PRDF, se décline et se développe par bassin d'emploi. C'est pourquoi il faut accroître la capacité des principaux acteurs de la formation à proposer une offre de formation correspondant aux besoins des entreprises. Il faut également que les branches professionnelles communiquent mieux sur leurs besoins en formation. Ce n'est pas aux OPCA de décider seuls de la politique de formation ; c'est au terrain. Loin de n'être qu'une question d'équilibre social, le réajustement de la demande d'emploi à l'offre de formation renforcera notre économie une fois la croissance retrouvée. N'oublions pas que, même en période de croissance, notre chômage structurel est beaucoup plus élevé que celui de nos voisins. Chez nous, le chômage atteignait 7,9 % fin 2007, alors qu'il n'était que de 4,5 % aux États-Unis et de 5,1 % au Royaume Uni. Il est évident qu'une meilleure information et une orientation professionnelle dans les lycées constituent un volet indispensable en complément de cette réforme.

En outre, je me réjouis de la mise en place d'une charte qualité pour les organismes de formation prévue par ce projet de loi. Toutefois, il faut également prendre en compte le problème de la qualification des formateurs. Je sais, par expérience, qu'une simple déclaration du chef d'entreprise suffit pour qualifier un formateur. Je sais aussi que la solution n'est pas simple. À trop vouloir réglementer, on peut en effet se priver de compétences. En tout cas, des mesures doivent être étudiées pour améliorer la qualité de nos formations et régler le problème de la qualification des formateurs.

Bref, le secteur de la formation doit faire l'objet d'une rénovation profonde, s'agissant tant de son fonctionnement intrinsèque que de ses objectifs en termes d'emploi. Nous ne pouvons plus tolérer que, chaque année, des millions s'évaporent, ce sont autant de travailleurs potentiels qui voient s'évaporer la possibilité d'une réinsertion réussie. Ce texte offre un grand nombre de réponses. Il faudra peut-être, dans un second mandat, aller plus loin : laisser par exemple le soin aux entreprises de choisir leurs OPCA, fusionner le CIF et le DIF. On y gagnera en efficacité et en lisibilité. Comme vous l'avez dit, monsieur le secrétaire d'État, ce sera un moyen de donner un élan aux futurs métiers porteurs et de faire face aux nouveaux défis que sont la mobilité géographique et la mobilité professionnelle. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

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