Et, mes chers collègues, vous êtes très cohérents. Ceux qui disent que vous faites n'importe quoi ont tort. Eu égard à l'intérêt national du pays, vous faites pire que n'importe quoi : vous faites des choses répréhensibles mais vous restez cohérents. Ainsi la semaine dernière nous avons examiné le texte sur le travail le dimanche, dans lequel vous considérez les salariés comme des marchandises, puisque l'on peut en disposer n'importe quand et en les payant, comme toute marchandise, c'est-à-dire le moins cher possible.
Il en va de même pour la formation : 66 % des personnes qui entament un stage à l'APFA sont des demandeurs d'emploi, pour la plupart – ceux qui connaissent l'AFPA dans leur région le savent très bien – très faiblement qualifiés, et 8 % d'entre eux sont en situation d'illettrisme. Pourtant, plus de 70 % trouvent un emploi à l'issue du stage.
Une enquête portant sur l'impact des formations effectuées dans le cadre du congé individuel de formation – le CIF – a démontré que 83 % des stagiaires AFPA avaient trouvé un emploi dans les six mois suivants et que plus de 48 % s'étaient reconvertis en choisissant une formation sans rapport avec leur métier antérieur.
La mission d'information du Sénat, sur le fonctionnement des dispositifs de formation professionnelle, présidée par M, Jean-Claude Carle, dont le rapport a été présenté en juillet 2007, déclarait, : « L'action en faveur des personnes les plus éloignées de l'emploi est au coeur de la mission de l'AFPA […] Cet organisme joue un rôle de rééquilibrage au sein d'un système de formation où perdurent de fortes inégalités territoriales et où la formation va au mieux formés ».
Il y a une constante parmi vous, mes chers collègues. Certains d'entre vous se rappellent sans doute notre collègue Jean-Jacques Jégou, député UDF, du temps où elle existait, montrant des notes de restaurant qui étaient censées représenter des dépenses excessives de salariés de l'AFPA et m'interrogeant avec véhémence pour savoir si je connaissais ce restaurant. C'était une simple gargote de la principale rue piétonne de la ville.
Vous êtes habités par des obsessions. Le fait de dépenser normalement de l'argent est chez vous toujours suspect. Il est dommage que vous ne soyez habités pas ces obsessions quand on parle de la Société générale, des Caisses d'épargne ou de M. Pérol.
Vous constatez donc, mes chers collègues, que l'AFPA joue, dans le paysage social, un rôle de correcteur des inégalités grâce aux formations qualifiantes qu'elle dispense, et un rôle d'accompagnement adapté aux publics les plus fragilisés, qui est reconnu par tous. Elle fait partie de l'héritage précieux que nous a légué le Conseil national de la Résistance, auquel le Président de la République s'est soudainement déclaré très attaché ; lors de son discours devant le Congrès en juin dernier, certainement l'un des derniers accessoires du magasin des farces et attrapes de M. Guéno.
Pourtant, l'AFPA est gravement menacée, soumise à des coups de plus en plus rudes de la part du Gouvernement. L'annonce a été faite aux salariés de l'AFPA que, désormais, la formation professionnelle doit être soumise à la concurrence. Europe, monsieur le rapporteur, oblige – paraît-il ! Qu'est ce que cette mentalité de soumission, de renoncement, de capitulation ? Qu'est-ce que c'est que ces hommes ou ces femmes politiques qui vivent à genoux ? Dès lors qu'il s'agit de l'intérêt général, il n'y a pas de règle étrangère qui compte. Il suffit d'affirmer une volonté politique forte. Encore faut-il en avoir et ne pas appartenir à l'espèce des invertébrés.
Il dépend de vous de dire non. Moi, qui n'ai jamais été gaulliste (« Ah ! » sur les bancs du groupe UMP), je me prends à regretter le Général de Gaulle (Rires et exclamations sur tous les bancs), qui savait dire non et qui savait toujours trouver la bonne solution, dès lors qu'il s'agissait de défendre l'intérêt national et l'intérêt général.