M. Le Bouillonnec a fait une très remarquable démonstration dont je partage entièrement l'argumentation. Rien n'est pire que de vouloir soumettre toute la vie à l'esprit de géométrie en considérant que l'ensemble de l'architecture du droit et des décisions de justice devrait avoir un caractère absolu. La vie exige au contraire que l'on garde possible le recours à l'esprit de finesse, capable, lui, de pressentir, dans ce qui paraît une situation générale, des cas particuliers ou exceptionnels qui méritent une intervention au nom de l'humanité. C'est par là, par cette petite lumière qui apparaît au bout du tunnel, que l'humanité de notre architecture de justice et de droit est garantie.
Ce serait donc une grave erreur de supprimer le droit de grâce. Il faut au contraire le sauvegarder. Je suis absolument certain que nous connaissons tous des situations dans lesquelles il est apparu comme vital, comme une raison de vivre, pour ceux qui étaient soumis à de telles décisions de justice.