Ma question portera sur le projet de terminal méthanier à Antifer, en Seine-Maritime. Le développement du gaz naturel liquéfié est présenté comme devant sécuriser l'approvisionnement de notre pays, compte tenu de l'instabilité de plusieurs zones de production de gaz et de l'alternative que peuvent offrir les méthaniers aux gazoducs.
On sait aussi que l'intérêt du gaz naturel liquéfié est qu'un méthanier peut être dérouté en fonction des cours du gaz sur tel ou tel marché – ce qui est évidemment plus difficile avec un gazoduc. Ne soyons donc pas dupes des intérêts en présence.
Cinq projets de ports méthaniers – à Fos, au Verdon, à Montoire, à Antifer et à Dunkerque – ont été déposés. À Antifer, il est porté par un groupe privé lancé par Poweo, et au sein duquel se mêlent des intérêts divers.
Une forte opposition à ce projet s'est exprimée lors du débat public, non seulement de la part des élus et habitants de la région de Saint-Jouin-Bruneval où se trouve Antifer, mais aussi de la part d'élus et d'associations au-delà de ce secteur précis. Un projet alternatif, pouvant cohabiter avec l'actuel port pétrolier, mais ouvrant la voie à une évolution que l'on sait aujourd'hui inéluctable, est porté par la nouvelle équipe municipale de Saint-Jouin-Bruneval.
Que notre pays importe plus de gaz naturel liquéfié et équilibre ainsi ses approvisionnements n'est pas de mauvaise politique. Mais l'existence de cinq projets répond à l'évidence à d'autres intérêts que ceux de sécuriser les besoins de notre pays. C'est ce qui se dit au Verdon, et c'est ce qui se dit à Antifer.
Il n'est pas acceptable, monsieur le ministre d'État, alors que le débat public avait mis en évidence une forte contestation, et l'existence d'un projet alternatif, que le 24 mars, la décision ait été prise en catimini de déclarer le projet de port méthanier d'Antifer d'intérêt général, que cela ne soit rendu public que deux mois après, et que le maire de la commune concernée n'ait pas été officiellement informé de cette décision, dont les modalités laissent par ailleurs perplexe.