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Intervention de Patrick Roy

Réunion du 26 novembre 2008 à 15h00
Communication audiovisuelle et nouveau service public de la télévision nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Roy :

Mais je constate que dans d'autres pays, la mise en place de réformes de ce genre met bien plus de temps ! Avec un peu de concertation, vous auriez évité les protestations unanimes que nous avons entendu et que nous entendons encore : elles ont réuni 4 000 salariés et la proportion de grévistes a atteint 90 %. C'est bien la preuve que cette réforme, présentée comme ambitieuse, culturelle et destinée à aider le service public, vise en réalité à le faire disparaître, ou tout au moins à le cantonner aux taux d'écoute les plus faibles possible. L'amendement proposé par notre collègue il y a quelques dizaines de minutes montre que telle est bien votre volonté.

Le Gouvernement écoute-t-il les spécialistes ? Assurément non. Dialogue-t-il avec eux ? Assurément non. Il n'est que d'interroger ceux dont la télévision est le métier – producteurs, scénaristes, journalistes, etc. – pour comprendre que leur plus grande crainte est la disparition de chaînes du service public ; nous avons encore appris hier qu'il y avait un risque de regroupement de LCP et de Public Sénat. Et l'on sait ce que valent les promesses ; et celles de Nicolas Sarkozy ont été bâclées, modifiées – et finalement, une fois arrivé au pouvoir, il ne les a pas tenues.

Le grand philosophe Bernie Bonvoisin, que vous connaissez, madame la ministre, aurait pu le dire : avec cette loi antisociale, la télévision publique va perdre son sang-froid. Et ce d'autant plus que, non content de faire ce cadeau à faire aux copains, notre Président a décidé qu'il nommerait dorénavant – et révoquerait – les responsables de la télévision publique. Je vous le dis sur un ton grave : c'est un retour en arrière. Ceux qui causent, ceux qui encouragent, ceux qui votent les régressions sociales trouvent toujours les mots pour les présenter ; mais il s'agit là d'une régression sociale majeure, et même d'une régression démocratique. Je suis très inquiet du devenir des programmes qui seront réalisés sous la houlette d'un président lui-même à la botte du Président de la République : ils risquent de masquer la réalité de la vie des Français. C'est d'ailleurs parfois déjà un peu le cas aujourd'hui : les souffrances de nos concitoyens sont parfois bien mal répercutées par la télévision !

Cette réforme ne fera qu'accentuer la culture TF1 : on sait que les chaînes privées cherchent d'abord à gérer les cerveaux et à vendre des parts de cerveau. Je pourrais citer mon fils, qui, en voyage aux États-Unis, m'a fait remarquer qu'un film qui dure deux heures prend là-bas quatre heures – à cause des coupures publicitaires toutes les dix minutes !

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