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Intervention de Victorin Lurel

Réunion du 26 novembre 2008 à 15h00
Communication audiovisuelle et nouveau service public de la télévision nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVictorin Lurel :

Pardonnez-moi, monsieur le président, mais l'intervention de M. Mathus était bien un rappel au règlement, puisqu'elle portait sur le déroulement de nos travaux. Le Gouvernement a déposé à seize heures un amendement qui supprime la publicité sur RFO. Or au cours des auditions auxquelles nous avons procédé, le président de France Télévisions, Patrick de Carolis nous avait précisément assuré que le Gouvernement s'engageait à ne pas toucher à la publicité de RFO. Comment voulez-vous travailler dans de telles conditions ? Je dois notamment revoir mon intervention. Ce sont là de drôles de manières que l'on fait à la représentation nationale !

Madame la ministre, comme nous aurions aimé discuter ici d'un projet de loi sur le développement de l'audiovisuel public ! Si tel avait été le cas, vous auriez pu compter sur le concours enthousiaste des députés siégeant à gauche de cet hémicycle : vous vous connaissez leur attachement au service public, et pas seulement audiovisuel – car nous parlons bien de service public de l'audiovisuel et non pas de secteur public de l'audiovisuel.

Hélas, le projet qui nous est soumis dans la précipitation – une fois de plus, et sans nécessité apparente – a sans doute des raisons d'être, mais aucune n'a de rapport avec son titre. Derrière un exposé des motifs serti de bonnes intentions, combien cachez-vous de motifs inavouables ? Nous en voyons au moins deux.

Le premier est lié aux difficultés des trois grands groupes de télévisions privées : Canal +, M6 et, surtout, TF1. Cette dernière paye en effet aujourd'hui les conséquences de mauvais choix stratégiques vis-à-vis de la TNT et souffre d'une usure de son modèle de croissance, à un moment où le marché publicitaire apparaît morose. Accordant vos pensées et vos arrière-pensées, vous avez choisi – c'est incontestable – d'affaiblir l'audiovisuel public à l'occasion de cette réforme au profit du secteur privé. Et même quand il s'est agi de taxer les revenus publicitaires de ces chaînes privées pour financer votre réforme, vous avez reculé, peut-être étonnés par votre propre audace.

Le second est lié à la volonté manifeste d'effectuer une reprise en main politique de l'audiovisuel public en proposant la nomination du président de France Télévisions par le seul chef de l'État. Je ne m'y étendrai pas davantage, tant cela a été développé avant moi. En tout état de cause, et quels que soient les avis préalables qui vous paraissent des garanties suffisantes, vous mettrez France Télévisions en servage.

En tant que député ultramarin, je ne peux que vous dire mon émotion face à un texte qui restera une formidable occasion manquée pour l'audiovisuel public et, singulièrement, pour RFO. Voyez-vous bien de quoi je veux parler, madame la ministre ? De RFO, ce grand absent des réflexions qui ont présidé à l'élaboration de votre texte.

En effet, ni la commission Copé ni notre commission spéciale n'ont daigné procéder à une seule audition concernant RFO. Je ne peux donc que déplorer, une nouvelle fois, que l'outre-mer soit traité avec cette légèreté, alors que le groupe socialiste a su, en moins de trois semaines, procéder à près d'une dizaine d'auditions sur ce seul sujet.

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