Permettez-moi, madame la ministre, de revenir une fois encore sur le service public hospitalier ; sa fragilisation actuelle le justifie.
Accusé d'être responsable de la dérive des dépenses de l'assurance maladie, alors qu'il ne représente pas la moitié des dépenses de l'ONDAM, l'hôpital souffre d'un manque chronique de financement. Pendant ce temps, les cliniques privées dépassent l'ONDAM de 187 millions d'euros, comme le souligne à juste titre la Cour des comptes. Ce secteur se porte d'ailleurs plutôt bien, si l'on en juge par les dividendes exceptionnels de 420 millions d'euros que se partageront les actionnaires du groupe de cliniques privées Générale de santé, soit la moitié des recettes générées par les nouvelles franchises médicales… Les assurés sociaux apprécieront certainement les efforts de solidarité qui leur sont demandés quand, dans le même temps, un groupe d'établissements de santé commerciaux réalise d'importants profits sur le dos de l'assurance maladie.
L'hôpital prend en charge toutes les situations, notamment les pathologies les plus lourdes, et accueille tous les assurés sociaux, même les plus fragiles, alors que le secteur privé choisit ses activités et privilégie donc les plus rentables. Ces deux secteurs ne peuvent être mis sur le même plan.
La tarification à l'activité, qui ne tient pas compte des spécificités de chaque secteur, privé et public, a eu pour conséquence d'étrangler le secteur public hospitalier. C'est le cas à Tarbes, où l'hôpital affiche un déficit cumulé de 10 millions d'euros. Il convient de sortir de cette hypocrisie en donnant enfin des moyens à l'hôpital et en réévaluant les missions d'intérêt général qui lui sont dévolues. C'est la condition indispensable au passage à la tarification à l'activité à 100 %.
Face à la crise sans précédent que traverse le secteur public hospitalier, quelles mesures urgentes comptez-vous prendre, madame la ministre ?