Mme Lemorton vient d'aborder un sujet très important. Jusqu'au milieu des années quatre-vingt-dix, la population des usagers de drogues était décimée et elle a bénéficié d'une politique de santé novatrice, permettant une large diffusion des outils de réduction des risques et des traitements de substitution aux opiacées. Pourtant, des problèmes importants persistent. Parfois même, la situation s'aggrave, du fait de la contamination des usagers de drogues par le virus des hépatites B et C, et du mésusage de la buprénorphine haut dosage, traitement de substitution. En outre, les publics touchés sont de plus en plus jeunes et de plus en plus précaires.
C'est pourquoi mon prédécesseur a annoncé en décembre 2005 une série de mesures destinées à lutter contre la diffusion de l'épidémie du VHC parmi les usagers de drogues. Le plan de prise en charge et de prévention des addictions pour la période 2007-2011 a notamment prévu de renforcer l'offre de soins aux usagers de drogues. Enfin, la commission « Addictions » est désormais en ordre de marche pour proposer des mesures permettant d'améliorer la prise en charge des personnes souffrant d'addiction.
L'objectif prioritaire reste bien entendu la diminution du nombre d'usagers de drogues. Différentes mesures sont prévues pour eux. Le directeur général de la santé devrait signer prochainement un arrêté visant à limiter le mésusage de certains médicaments. Ce dispositif a été élaboré dans un double objectif de réduction des coûts et d'amélioration de la qualité de soins. Il prévoit pour certains médicaments ou en cas de suspicion d'abus une meilleure traçabilité entre le médecin prescripteur et le pharmacien, ainsi que la mise en place de protocoles de soins entre le médecin traitant et le médecin-conseil de la caisse d'assurance maladie.
Pour faire face au VHC ou au VHB, je propose de renforcer la mise à disposition de matériel stérile, d'évaluer la place des pharmaciens dans la politique de réduction des risques, de développer le dépistage du VHC et du VHB, de veiller à une meilleure articulation entre le dépistage et la prise en charge prévue dans le plan « hépatite virale 2008-2011 », de réaliser le programme de vaccination gratuite, mesure inscrite dans le PLFSS 2008, – votée par votre groupe, me semble-t-il, – et de développer les actions dans les prisons, 61 % des usagers de drogue ayant connu un épisode d'incarcération au cours de leur vie. Il est également nécessaire de mieux informer le public en adaptant les messages aux plus jeunes, et en intensifiant les campagnes de prévention et la diffusion de messages sur les risques. Enfin, une attention particulière devra être portée à l'aide à la réinsertion, qui passe avant tout par l'aide au logement, notamment pour les usagers les plus démunis sous traitement VIH ou VHC. Il faut donc déterminer les besoins spécifiques en matière d'hébergement et renforcer la mission d'accompagnement des usagers de drogues dans leur démarche visant à obtenir l'ouverture et le maintien de leurs différents droits sociaux.
Si ces mesures visent à apporter une réponse concrète, pour éviter la propagation du VIH responsable du sida et des hépatites chez les usagers de drogues, la diminution de la consommation de drogues et de stupéfiants reste notre objectif de santé publique. Je m'inscris par conséquent en faux, comme je l'ai déjà souligné à l'issue de la discussion générale, contre l'idée que la baisse des crédits de la MILDT traduirait un désengagement de l'État dans le domaine de la lutte contre la drogue et la toxicomanie. Il ne s'agit que de clarifier le rôle respectif de la MILDT et de la direction générale de la santé, notamment en transférant les lignes d'écoute téléphonique, dispositif que vous connaissez sous le nom de GIP DATIS, et en cessant de verser deux fois certaines subventions à des associations. Mener une bonne politique de prévention ne dispense pas de réfléchir à une bonne et à une juste utilisation des crédits. La MILDT se recentrera ainsi sur son rôle de coordination ministérielle.