Monsieur Cochet, votre question me permet de faire le point sur le virus H5N1, qui est à l'origine de l'épizootie actuelle et circule sous une forme hautement pathogène, laquelle s'est manifestée à Hong-Kong en 1997.
Dès 2003, des cas humains de grippe aviaire à virus H5N1 ont commencé à se déclarer dans les pays ayant signalé des foyers animaux de grippe aviaire. Le virus H5N1 est peu adapté à l'homme, ce qui explique sa très faible transmissibilité : on compte seulement – si j'ose dire – 332 cas humains en cinq ans. Pour la plupart des cas humains décrits, la contamination a pour origine des contacts étroits et répétés avec des animaux malades ou morts ou avec leurs déjections. Une trentaine d'épisodes de cas groupés familiaux ont néanmoins été décrits depuis le début de l'épidémie en Azerbaïdjan, au Cambodge, en Chine, en Égypte, en Indonésie, en Irak, en Thaïlande, en Turquie et au Vietnam. Pour une dizaine d'entre eux, une transmission interhumaine limitée était fortement suspectée. Toutefois, cette possible transmission interhumaine est restée limitée et n'a pas donné lieu, jusqu'à présent, à une transmission communautaire. Selon l'OMS, le niveau d'alerte pandémique, fixé au niveau 3, reste inchangé.
En revanche, l'infection à virus H5N1 se caractérise par sa forte létalité : on est rarement malade, mais quand on l'est, le pronostic est plus que grave, avec 200 cas de décès sur 332 cas, soit 61 %.
Les pays pour lesquels l'incidence des cas humains est la plus élevée se caractérisent par une forte proximité entre la population et les oiseaux d'élevage. Il faut signaler une extension, depuis le début de l'année 2006, des pays signalant des cas humains d'infection, de tels cas étant confirmés par l'OMS dans trois pays du Moyen-Orient, l'Azerbaïdjan, l'Irak et la Turquie, et dans trois pays d'Afrique, Djibouti, l'Égypte et le Nigeria.
Bien qu'aucun cas d'infection H5N1 n'ait été décrit jusqu'à présent dans notre pays, la mobilisation dans ce domaine doit être absolue. Cette mobilisation s'exprime d'abord, vous l'avez vu, par la mise en place de l'EPRUS ; établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, établissement public doté de moyens importants et chargé de constituer les stocks de produits pharmaceutiques, de produits de prévention et de matériel utile en cas de pandémie grippale.
Je me suis également rendue à Washington, voici deux jours, pour rencontrer au G7 + 1 mes homologues ministres de la santé et établir les coopérations techniques et politiques nécessaires.
Je souhaite aussi faire de la sécurité sanitaire un axe prioritaire de la présidence française de l'Union européenne au cours du deuxième semestre de 2008, car il me semble qu'une bonne politique de prévention et, éventuellement, de gestion d'une pandémie grippale, ne peut être menée correctement qu'au niveau européen.
Quant à la cape à propos de laquelle, monsieur Cochet, vous m'avez interpellée, je précise que l'évaluation de ce dispositif n'est pas encore achevée. Bien entendu, puisque vous avez demandé à me rencontrer, je vous recevrai avec Mme Vargas, dont j'apprécie les oeuvres littéraires autant que les initiatives en matière de prévention de la grippe aviaire. Si l'évaluation du dispositif est concluante, il va de soi que celui-ci fera partie de la politique d'achat de l'EPRUS.